49.
Lâchons au vent les feuilles d'or, sitôt écrites ! Tant qu'il nous en reste à lui fournir nous tromperons peut-être, un certain temps,
La gueule ouverte d'Anubis ! Tiens, Seigneur des Nécropoles, tiens, ô Chien Noir ! Je t'offre celle-ci, que colore mon sang à peine refroidi ! Et cette autre, à happer en pleine trajectoire de vertige !
Je bouge encore, malgré les bandelettes où la solitude, chaque jour, dessine un nouveau hiéroglyphe ! Malgré la sève ralentie. Malgré la pesanteur des soirs, mer assoupie où sombre la clarté de nos rêves lunaires.
Malgré la chambre sépulcrale, sa voûte constellée, avec ses astres noirs qui se nourrissent des échos languissants de ma voix. Malgré les orties d'ombre qui tapissent le plancher, les formes fragiles de ma mère et de mon père que, du coin de l'oeil, je vois s'esquiver par une porte dérobée,
Mais si, pour les suivre, on approchait l'endroit, tandis que déjà s'éteint la rumeur d'inconcevables hypogées, en tâtonnant notre main d'orphelin ne trouverait qu'un mur lisse et intact !
Envolez-vous donc au vent froid, mes prières dorées ! Allez nourrir, en pourrissant strate après strate, le terreau noir. Il se pourrait qu'en un lointain futur, il soit ensemencé par ceux qu'un poète nomma « d'autres horribles travailleurs ! »
Quant à moi, l'aventure approche de sa fin ; aux quatre vents, j'offre sans illusions le peu de vie et d'amour qui me restent... Déjà belle lurette
Que je n'ai plus souci de savoir si je suis utile ou non, si je traverserai l'hiver, et si l'on m'aime ou si l'on me déteste !