3 décembre 2010
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Hivernales 13.
En pensée
elle pèse à ton cou
la dalle blanche de l'hiver
avec ses trois pavots d'éternité
ses noms grelottants - cosses sèches -
elle t'étrangle
comme une cangue
L'espace t'enferme dans la
douleur des noms
Te cerne avec d'anciens visages
Le froid t'observe
agenouillé sur le tombeau des anciennes années
ainsi qu'il cherche dans la pierre
la faille où s'insinuer
pour la faire éclater
Mais il te reste encore
la force du bloc obscur et compact
l'obstination du bloc erratique
miroitant dans l'aurore
au front du glacier
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3 décembre 2010
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Hivernales 12.
Ombre froide
Ombre farouche
Ombre pétrifiante
Tu ronges les corps
Tu manges les coeurs
Ton suaire de neige ensevelit nos souvenirs
les effiloche les dissout
Assèche les âmes
les amenuise
jusqu'à ce qu'il n'en reste
plus même un souffle
ni le duvet d'un soupir
Les mots tourbillonnent dans la bise
balayés comme des flocons comme des mues
d'insectes vides
Cruelle transparence
Où donc a disparu la vie
La chanson du ruisseau
parmi les roseaux des fauvettes
Ce cristal sur lequel tu marches
Ce pont figé vers l'autre rive
n'a plus rien à t'enseigner
L'autre Rive – la même !
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2 décembre 2010
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Hivernales 11.
Minutes recroquevillées
La paysage se contracte et ton corps
avec lui
comme s'amenuise la flamme du dedans !
Voici des années
que notre chatte noire est morte
dans mes bras
À son dernier regard
confronté - j'ai lu l'énigme dorée
lisse comme un champ de neige
ou la paroi verte d'un glacier
Une force hermétique et glaciale
malgré ma tendresse
était tombée entre nous
Une guillotine de silence
Entre qui sait et qui ne sait
pas le sort qui l'attend
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2 décembre 2010
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Hivernales 10.
Entre la neige et la neige
s'entrecroisent des colliers de pas
humains ou animaux
Lesquels suivre
Leur début et leur fin s'effacent
où la neige a fondu
Il y a quelque chose de troublant
dans tous ces débuts
dans toutes ces fins quelles qu'elles soient
Le collier brisé de la poésie
éparpillé dans l'espace d'une langue
immaculée
comme tes poèmes
sur la blancheur des pages vouées
à fondre dans l'oubli
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2 décembre 2010
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Hivernales 9.
Au coin du mur où les enfants
au printemps jouaient avec du plâtre
un petit chapeau de neige
coiffe un brin de mousse calé
contre un moule cassé
Pourquoi soudain l'image de la Bijin
d'Harunobu contemplant son bonzaï
en hiver nous vient-elle à l'esprit ?
Un frisson traverse le laurier
Les tiges des rosiers s'ébrouent
Leurs charges blanches tombent
sur la terre sombre
Trop froid ! Rentrons dans notre carrée enfumée
prendre un petit café
pour enrhumés !
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1 décembre 2010
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Hivernales 8.
A demi fée
A demi nixe
Mon doux amour au bois dormant
Mon fragile phénix
J'aime veiller sur ton sommeil
à contre-jour de la veilleuse
noir et profond comme le Styx
Je reste sur la rive
Il fait moins cinq dehors
La télévision tout bas raconte
des histoires d'animaux exotiques
de savanes et de ciels brûlants
Il fait moins cinq dehors
De temps en temps une bourrasque
chuinte dans les bambous
avec un désespoir bizarre
je pense aux sans-abris qui n'ont pas de phénix
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1 décembre 2010
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Hivernales 7.
Ce regard de mer en colère
où le vert se mêle au gris
est celui des jours de décembre
Fille du Nord pourtant - Elle
déteste le froid dont l'haleine embue
la fenêtre entr'ouverte
Moi je me réchauffe à ses cheveux blonds
à la nacre de ses épaules
hors des draps
tandis que je lui verse son café
Un merci à voix douce
l'esquisse d'un sourire
À l'ovale de son visage
innombrable se résume
tout ce qui demeure
d'un bel été
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1 décembre 2010
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Hivernales 6.
Tu rêves d'un feu au beau milieu
du jardin parmi les buissons
et les arbres saupoudrés d'un reste
de neige nocturne
Le pouillot véloce sous les feuilles
gratte du bec un reste d'été
Noire et blanche la pie à la pointe
confectionne tant bien que mal entre les branches
un nid d'aube rougeâtre
Elle surveille d'un oeil vif
les reliques élastiques de la nuit
dont l'une est un chat malintentionné
pelotonné dans sa patience fourrée
Il n'espère pas grand'chose
mais ne renoncera jamais
Je crois qu'il est poète
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1 décembre 2010
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Hivernales 5.
Jeunesse sois seule à t'émerveiller
De l'hiver
Toi qui crois au printemps inéluctable
Toi qui à tout bout de champ sais encore
Sortir de toi et «t'éclater»
Joues roses et bruyants sourires épars
Pour toi les matins sont de cristal
Glisser sur les trottoirs un jeu
Tu ne crains pas le blanc glacier
du lit dans l'ombre des chambres
Sur ton propre volcan tu t'étourdis
en dansant selon des rythmes mécaniques
Ton coeur bat au présent éternel
comme un marteau qui frappe sur des tôles
Et tu as le bonheur d'ignorer
la tyrannie des souvenirs
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30 novembre 2010
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Hivernales 4.
Le vitrage obstrué de lourdes nuées
Passage d'étourneaux vers l'est
(Quelques retardataires en vol
acrobatique entre les cheminées)
Ce sont les rites du matin
En écoutant la radio le café
ronchonne et renifle
Odeur des gaufres dans le grille-pain
Il n'est question que de La Crise
Et de faire payer les malheureux
qui serrent leur col par les rues venteuses
poursuivis par un froid sans pitié
Bizarre Nature qui méprise
sa part la plus faible !
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