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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 11:48

 

 

Hivernales 23.

 

 

Ecoute dans la nuit le givre t'apporte ses fleurs

Il gratte à la fenêtre griffes de cristal

et muette face d'argent

 

Il voudrait bien rentrer mais redoute

par dessus tout la rouge colère du poêle

qui tire sur le vent et ronfle sans dormir

 

Le givre à face de lune ivre

qui titube sur le seuil en faisant craquer le verglas

Petit givre amoureux qui s'obstine

 

à te fleurir les vitres pour enchanter ton réveil

tandis que tu dors bien au chaud sous les couvertures

ton souffle rythmant le silence

 

Juste un bout de nez des yeux clos un nid

de cheveux blonds dépassent

Moi je veille en songeant à cette magicienne blanche

 

Qui parcourt l'hiver en semant sur les branches anuitées

une poudre endiamantée et sans laisser de traces

s'avance à travers le jardin en comptant ses étoiles

 

 

 

 

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 10:40

 

 

 

Hivernales 22.

 

 

C'est par moments que la mort nous revient

 

De ses longs doigts glacés agitant sur nos têtes

ses harpes de neige et ses gris-gris de lenteur

 

Enfermant un timide soleil dans des cages de gel

ou dans des ronciers d'aubépines selon la saison

 

et l'astre vire à la teinte d'une vieille rose desséchée

que la pluie a trop souvent rincée

 

Ô l'heure où les matins découvrent qu'un linceul brillant

trahit l'éternité du paysage en le voilant d'uniformité leucophile

 

Ô la désespérance plaintive du vent qui voit lui échapper

son rêve de lumière au creux des circonvolutions grisâtres des nuages

 

Qui oserait encor nous parler de splendeur ou du bonheur de vivre

Sinon quelque fou de poète

 

n'ayant vécu que pour apprivoiser sa mort

dont l'alchimie occulte aide seconde après seconde

 

son corps d'homme perclus et recru de souffrances

à se changer en un corps de langage et de signes

 

hanté de formules absconses et fantomatiques

plus insaisissables que des vampires ou des revenants !

 


 

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 19:22

 

 

Hivernales 21.

 

 

 

Ma vie, mes souvenirs, mes rêves s'effilochent

comme nuages au couchant

 

comme se défont les notes joyeuses

du troisième concerto pour violon de Mozart

avec un désespoir qui s'efforce d'être heureux

 

Ou la lumière dans le verre teinté

d'une bouteille de bière Fischer

couleur de pain d'épices

 

A l'orient la nuit se lève parmi les étoiles

ainsi qu'une brise

parmi les marguerites d'un champ de mai

 

Mais... c'est l'hiver qui vient

et le poids des flocons s'accumule

sur les toits imperceptiblement

comme les ans sur le Temple des Millions d'Années

 

Tu ne tiens plus que par le langage - ce français

d'une si limpide beauté que nul ne pourra jamais

éteindre son murmure de source

 

sans qu'avec lui chez les humains

ne s'éteigne l'humanité...

 

 

 

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 14:41

 

Hivernales 20

 

 

 

Tout est d'un sombre blanc dans cette nuit polaire.

Le blizzard s'est calmé. Les glaciers sont déserts.

Pas un pétrel ! Tous ont quitté le long hiver

Pour quelques fjords du Sud que la clarté solaire

 

Touche encore, au matin ! En la froide atmosphère

Les monuments du gel reflètent l'éclat vert

Des drapés, suspendus par durables éclairs,

D'une aurore électrique à l'obscure lumière.

 

Comme s'ébrouerait quelque dieu en courroux,

Las d'être pétrifié sous la surface grise,

Craquent les profondeurs de l'épaisse banquise...

 

Puis le silence appose un invisible écrou

Sur la morne étendue où, pour toute surprise,

Seul un phoque, furtif, émerge de son trou ....

 

 

 

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 19:48

 

Hivernales 19.

 

 

Ô terribles – terribles hivers

Pour me distraire des longues journées sombres

au long desquelles je m'étiolais

 

Interdiction de sortir toucher la neige

Les copains criaient dans la rue

en faisant des glissades et des batailles

 

Mon père me lisait - en traduisant à mesure

de l'arabe - les aventures du poète-chevalier Antar

à travers le désert de Syrie

 

Je m'imaginais moi-aussi secourant

la veuve et l'orphelin

combattant le Vizir Noir

 

tandis que les flocons tombaient dru

dans la bourrasque en torsades

A force de les regarder par le carreau

je me sentais monter vers le ciel

comme en ascenseur

 

J'aimais les contes orientaux

la paix qui régnait sur Bagdad

la parole donnée et la foi musulmane

 

J'y songe encore

comme à un paradis familier

désespérément égaré dans l'Autre Monde

 

Je sais aujourd'hui ce que signifie

Islam

 

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 19:33

 

Hivernales 18.

 

 

Ô terribles – terribles hivers

Le soit tombait si tôt

 

Mon père nous faisait la lecture

Autour du poêle il nous apprenait des chansons

en retrouvant les airs avec sa flûte de bois blanc

dans un petit livret

 

Colchiques dans les prés - Maudit sois-tu carillonneur -

Orléans Beaugency – La perdriole

« Le premier mois de l'année, que donn'rai-je à ma mie ? »

 

J'entends encore la voix douce qu'il prenait

Nous ignorions alors qu'il existât au loin

un monde de fous-furieux

 

Cependant les mots même joyeux

étaient chargés d'une indéfinissable mélancolie

Comme le souvenir d'un temps perdu

dont les images floues

nous reviendraient du fond des siècles

 

J'entendais chuchoter le médecin dans le couloir

Il disait que ma maladie elle-aussi

était indéfinissable et qu'on ne savait pas

si j'y survivrais

 

J'y ai survécu finalement

Mais la mélancolie est restée

incurable

 

 


 

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 18:57

 

Hivernales 17.

 

 

Le froid la neige le verglas

« pluies verglaçantes » dit la radio

« les pneus-neige sont inefficaces

roulez avec un oeuf sur l'accélérateur ! »

 

« Un bel hiver en perspective »

a dit quelqu'un

Je médite cette phrase

 

Les skieurs dans la poudreuse

font gicler des gerbes au bas des pentes

 

Il rentrent pour la fondue

skis sur l'épaule se hèlent à voix forte

effervescents dans le soir violet

pour bien marquer leur joie

 

Les voitures sont nappées de blanc

sous les réverbères

De jolis flocons tourbillonnent

 

Agréable week-end Demain

on entendra ronfler des moteurs

on verra fumer les pots d'échappement

claquer les portières

 

Les gens se feront des adieux

comme s'ils se connaissaient depuis longtemps

 

Combien parviendront chez eux

sains et saufs ?

 

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:42

 

Hivernales 16.

 

 

Une boule de neige nue

entre tes mains étroites

pareille à une pierre blanche

prête à s'envoler

 

Tu la serres dans tes paumes

Tu la caresses comme un merle apprivoisé

 

Et ton regard malicieux

se voudrait menaçant

 

Raté ! J'aime tes éclats de rire

Je fonce et je te prends dans mes bras

Tu feins de te débattre

 

Nous roulons dans la neige tous deux

Embrassés

Quand nous nous relevons il ne nous manque

qu'un chapeau noir et un balai

avec une carotte pour le nez !

 

 

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:28

 

 

Hivernales 15.

 

 

Il faudra dire que l'hiver s'est allongé

en travers du seuil

que sa main de vent brutal

secoue la porte et les volets

 

Qu'il rechigne à nous voir sortir

et fourbit ses rhumes et ses grippes

pour punir les audacieux

 

Il faudra dire la tiédeur des chambres

ton parfum léger les draps en désordre

qui témoignent de ton corps

alangui à force de spasmes

 

Il faudra dire cela

simplement

comme devant un miroir

pour que le monde sache bien

que notre amour continue

 

 

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 10:11

 

Hivernales 14.

 

 

Un feu dans la neige

Nous ferons un feu dans la neige

Des sarments pétillants et le vin

tiendront à distance

la Nuit aux prunelles brillantes

 

Nous parlerons aux arbres dénudés

qui balancent timides comme des fantômes

 

Ton visage rayonnera parmi la fourrure

Une mèche échappée du capuchon

se tordra sur ta joue avivée

ta joue rose baiser

 

Tes petites mains paraîtront

grosses dans les moufles

tandis que tu pousses vers le foyer

les sarments dont la fumée

fuse et chantonne

 

Tous deux sous les étoiles frissonnantes

au milieu de la neige immense

océan de silence

 

Jusqu'ici comme une plage traversée

par notre marche parallèle

 

 

 

 

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