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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 15:04

 

 

                                         Ssssssssssiiiihhhhhhh...


 

Près de l'oreille du dormeur siffle l'Invisible. Serpent de cristal, phénix mauvais, salamandre tigrée, simple bise dans les volets ?

 

Contre les murs de la pièce, la bonté des objets en bois. Armoire par la fréquentation de la cire, usée. Secrétaire à l'odeur de cèdre. Maquette de bateau de pêche patinée. Statuettes d'ébène poli.

 

Dans la nuit soudain l'énorme bruit d'une feuille morte tombée dans la cour. Main claire sous la lune, évoquant celles des cro-magnons aux parois des grottes, et les figures pentaradiées des hypogées où reposent les momies.

 

Une virgule dans l'incommensurable phrase de l'univers, le monde que nous prétendons nôtre. Qui tient la chronique des étoiles défuntes ?

 

D'une main balançant un encensoir fumant, de l'autre levons la paume, doigts écartés pour conjurer le sort que nous jette la langue bifide : tel qui l'entend sait que l'échec est proche.

 

 


 

 

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 10:11

 

 

 

                                                                  Allégorie

 

Sévère récit. Un oued qui s'évase et se perd parmi les syrtes. Au large, un grand navire minuscule, figé par la distance. Cris d'oiseaux de mer.

 

Voici qu'ils s'approchèrent, vêtus en bédouins. Leurs oripeaux dissimulaient mal les canons bronzés noir de guerre de leurs fusils d'assaut. Certains pieds nus. Fantômes sortis du mirage.

 

Des femmes s'enfuirent vers le village de terre crue. Leurs outres abandonnées se vidant stupidement. Taches sombres qui s'évasent et se perdent dans la poudre.

 

Une camionnette vint charger les combattants, repartit, s'amenuisant à travers les dunes. Elle disparut enfin dans un nuage. Silence. Grincements de bois. Cris des oiseaux de mer.

 

Timidement au détour du talus femmes et fillettes réapparurent. Ramassèrent les outres flasques.

 

Autour du chadouf, le dromadaire en ruminant s'était ébranlé pour un nouveau cercle de marche lente. Ses sabots laissaient de larges fleurs d'ombre.

 

Éclats de rires. Outres enfin rebondies dans un gloussement argenté. Virevoltantes jupes multicolores. Puis elles sont parties, les bras gracieux, abandonnant derrière elles les cris des oiseaux de mer et le rivage où l'oued s'évase et se perd parmi les syrtes.

 

 

 

 


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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 10:27

 

 

 

                                            Si... nous étions en Chine

 

Si nous étions en Chine, j'écrirais que tes cheveux sont le « saule de mes pensées ». * Mais ici le septième degré n'a d'autre sens que la condition, ou l'affirmation qui veut contredire.

 

Newton prétendait que, dans la Musique de Spères, fa dièse était la note de la Terre... Cette note qui sonne drôlement dans les trompes de chasse et donne toujours l'impression qu'elle n'est pas de la couleur normale !

 

C'était aussi – fa dièse la dièse do dièse – l'accord majeur de notre toupie chantante, celle émaillée de dessins bleus et vermillon qui se changeaient en violet, au temps où j'avais dix ans.

 

Je me demandais si la Terre en tournant changeait aussi de couleur, vue de l'espace. J'ai cru un moment que le poète qui disait «la terre est bleue comme une orange» avait possédé la même toupie. Bêtises !

 

Bêtises ! Fa dièse majeur, le vent dans l'orgue des hêtres près de la maison au grand portail blanc. Fa dièse majeur, le petit rossignol qui s'égosille, quand tout est apaisé, jusqu'à extinction du couchant sur le lac qu'on voit au loin briller comme une épingle.

 

Fa dièse, cette étoile qui, à travers les saules, monte dans le soir et me semble familière, au point que la pensée me vient que ce pourrait être la mienne.

 

Ce serait bien la seule lumière que je n'aurais pas perdue.

 

 

 

 

 

 

 

 

Note : en chinois « si » et « si », homonymes, signifient l'un « saule » et l'autre « pensée ».

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 09:22

     Poème pour jeudi 10 nov. à midi.

 

Je t'ai parlé dans mes rêves – mon enfant.

Tu y ressemblais à celle que tu es – mon enfant.

Pourtant je ne te connaissais pas encore.

Fillette aux cheveux bruns, au regard profond,

Toute pleine de joie grave – mon enfant,

Je te regardais dans l'avenir – fillette

Aux cheveux bruns, au regard noir d'étoiles,

J'imaginais tes petites épaules qui devraient

Porter ta vie et tes amours, porter ta solitude aussi

Comme chacun porte la sienne – mon enfant.

Et puis un jour tu fus là, comme Minerve sortie

Tout armée de la pensée du dieu, ma belle,

Comme le fiat lux par lequel le monde recommence.

Et j'ai su en te parlant que tu n'étais plus un rêve.

Et je t'ai serrée dans mes bras, toi, tes cheveux bruns,

Ton regard profond et ta troublante ressemblance

Avec l'une et l'autre des fées qui enchantent ma vie.

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 17:44



9. Corps à corps



Quand elle m'apporte un coin de ciel en train de décliner ses angles infinis, je sais que l'explosion est proche. Entre ses bras, entre ses jambes plus encore, une mine d'éternité est enfouie. Infirme ordinaire, je ne m'en détache jamais que blessé par la joie !

On dirait une servante soutenant un plateau de cuivre, où le soleil phosphore comme un oeuf sur le plat. Un azur oriental, gravé des bas-reliefs de nos jeux. émaille le pourtour de la journée. Ici, corps jetés l'un contre l'autre. Là parallèles, main dans la main. Plus loin, fronts contres fronts dans une clarté d'aquarium.

Longues matinées, lorsque le ruban de paroles enchantées se déroule de ses lèvres, rapide ainsi que langue de caméléon ! Dans sa nuisette pastel, le brun de ses bras semble écouter son babil, léger et grave tour à tour, tandis qu'aurore au-dessus des bambous et des toits joue avec ses avions aux traînées roses.

De l'une ou de l'autre, quelle est la plus lumineuse ? Sur la plage aux cuisses de sable lisses, un coquillage fendu a recueilli tout le bruit de la mer. Il attend que tu le ramasses, pour broder dans notre intimité un fabuleux récit d'écume et de sperme argenté. Son oreille se tend près de la mienne, et j'apprends les inflexions de ton amour.

Sa magie saisit notre lit de vertige et le téléporte vers la haute mer. Agrippés l'un à l'autre, nous naufrageons outre-ciel.

 

http://un-bruit-de-source.over-blog.com/

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 16:30

 

 

 

 

                              Le nom d'Aïlenn



Bouffées de caprices empruntés à l'humeur du vent

Cette envie sur la montagne déserte aux buissons épineux

De crier le nom d'un amour en regardant la plaine

Que broutent des troupeaux de brume qui font reculer la mer

A ï,  les épines ! - blancheurs dans la plaine,

l e n n   en écho !



Voici comme une limace que l'été longe le cimetière

De tes souvenirs parmi lesquels dans l'herbe luit un couteau rouge

Le nom d'un amour  A ï l e n n   en écho

(Jadis j'aurais écrit «comme une rime à la lumière»)

Il y aurait eu l'écume aux chevilles tel un bracelet d'argent glacé

Pour signifier peut-être qu'on serait esclave de la mer



Esclave en somme de la liberté rêvée à l'horizon par tous ces arbres

Qui ne seront jamais plus des mâts de vaisseaux de haut-bord

Plus jamais des carènes essuyant les aubes et les soirs les nuits les jours

De l'autre hémisphère avec les crachins du sel et les quarantièmes rugissants

Et le mousse à la dunette en plein ouragan crie un nom de bien-aimée

Avec la même ferveur que s'il s'agissait de la Mère de Dieu

En se cramponnant debout au rebord du tonneau

Qui élève à bâbord puis à tribord le cercle de l'horizon



Et tout autour de lui les voiles ferlées claquent au long des vergues

Toute l'enfléchure grince et vibre en-dessous jusqu'au pont

Balayé, relavé par le vertige incessant des houles et quand les embruns

Se dissipent notre regard sur les choses semble avoir  g a g n é

E n   r é a l i t é   comme après l'expérience d'une longue incertitude



Ou encore comme si le retour du beau temps laissait voir

La trace sombre dans la mer d'un fleuve qui ressemble à notre vie

Indigo dans l'azur ou limpidité au cœur de l'immense transparence

Ainsi que le nom d'un amour qu'on crie au coeur de l'Amour

À l'instant d'un naufrage

En écoutant là où la poitrine est chaude et douce

Battre le cœur de l'univers dans le sein d'un être aimé







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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 12:15

 

 

 

Jour de Toussaint



Temps de pluie noire On ouvre la porte et

Devant nous s'étendent les allées : à droite à gauche

Des tombes ainsi que feuilles grises de part et d'autre d'une tige

Qu'on arpente lentement comme des chenilles

Un vague silence accablé Entre les murs s'attarde l'écho

Secoué de pleurs d'un deuil récent

« Je suis venu avec des fleurs mais pas des chrysanthèmes

Ce sont les roses qu'elle aimait

Je lui apporte toujours des roses »



Au sommet de la montagne luisent les rochers

Et les fragments d'une forteresse ruinée où jadis régna l'éclair

On trouve encore au bord du chemin des boulets de pierre

Des traces de combats et des fragments d'armures froides

Pareils à des squelettes d'échassiers en désordre



Temps de pluie noire Au fond des brumes on devine une vallée

Des bâtisses incertaines par la poterne de sortie du cimetière

Aucun des miens n'est ici Sur la pente à la nuit s'allumeront

Les lumières en croix des villages Par les rideaux qui bougent

Des vieilles nous regarderont passer dans la rue et rire bruyamment

Hocheront de la tête un coude appuyé à la table ronde

Où trône un napperon de dentelle orné d'un haut bouquet

Qui éclaire la pénombre pleine de bahuts et d'objets indistincts



Puis elle allumeront la télévision pour suivre l'office de Toussaint

Pendant que six pieds sous terre la mort figera des rires

Insonores et forcés

Tandis qu'autour des tombes un vent pluvieux agite sur leurs tiges

Dans les bacs près des couronnes d'émail et des inscriptions désuètes

Quelques touffes d'herbes minables et de clochettes desséchées





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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 11:28



 

 

Même si...



Même si le fugitif bonheur d'un visage aimé

A déjà passé comme une éclaircie entre deux orages



Même s'il n'y a plus le long des quais du port de bateaux

Dont les mâts se souviendraient d'avoir été des arbres



Même si l'éternité s'est réduite désormais à quelques secondes

Ou quelques jours de vie qui vous restent



Même si collent à votre mémoire ainsi que berniques

À leur rocher d'anciens baisers sur des joues fraîches



Même si le sourire boudeur d'une chatte chevelue

S'envole ainsi que le V d'un oiseau de mer dans les nuages



Même si dans d'autres temps le matin vous voyait du lit

Tomber brillant comme une étoile



Même si toutes les chansons jadis paraissaient gaies

Et qu'aujourd'hui toutes en vous sont cantiques de mort



Même si où que vous jetez les yeux ce ne sont qu'épées rouillées

Maisons usées reliques avariées chambres habitées de fantômes



Même si vivre a desséché puis alourdi votre masque à la façon

D'une vieille citrouille grimaçante d'Halloween



Même si vous cherchez en vain ce que vos mains pourraient toucher

De merveilleux dans ce monde en train de tout perdre



S o y e z     h e u r e u x    !





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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 14:33

               À St Cyr sur Mer



Très seul, surplombant le bleu de Prusse pâlissant

Jusqu'à se fondre avec l'horizon des îles,

Debout au bord de la falaise, appuyé à l'unique pin,

En moi j'écoute la sève en espérant dans sa circulation

Découvrir la forme chuchotante de la vie



Encore une chose impossible à expliquer

Comme si je disais qu'en

Caressant les encolures d'écorce et les crinières vertes des branches

Je touche le galop d'un quadrige immobile

Chaque claquement d'étoiles sur la mer faisant jaillir

Au cirque des échos une gerbe de silence



Le char du soleil et le dieu aux boucles rayonnantes

Au-dessus des calanques écarlates

La vague s'y déchire en essayant d'y porter au plus haut ses crachats clairs

Qui se révulsent en crachin d'oiseaux gouailleurs

Fuyant à tire-d'ailes vers l'ouest



Brindilles mortes en tapis mêlé d'aiguilles sèches à mes pieds

Jusqu'au bord du vertige auquel s'affronte mon regard

Cils acérés de celle que tu aimes

Les yeux dans les yeux comme si l'on échangeait de la lumière

Celle que tu aimes, la parcelle dorée

Dont s'illumine en toi la fin et le commencement des choses





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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 13:03

VirginieET.jpg  

 

Un tabac de Virginie

 

 

1.

 

C'est comme d'avoir retrouvé un fragment

De vie qu'on avait perdu et le cœur bondit au point

qu'on craint que la joie ne le brise

 

Au miroir d'un regard le puzzle du monde reprend

Chaque pièce de son image

Comme un rêve reconstitué sur lequel une lune brillante

Est suspendue

 

Et voici qu'on aime la nuit à visage de jeune fille

Fraîche et pure comme si c'était notre enfant

Avec ses petites nattes d'autrefois

Son rire malicieux et son amour sans limites

 

Alors on ressent le besoin de dire à tout ce passé

Qu'une brune lumière vient tout d'un coup

D'éclairer

Que l'on n'en veut plus à la vie et qu'on se sent capable

Désormais de mourir en paix

 

 

2.

 

Dans ses yeux d'enfant simple

On croit voir miroiter des choses insondables

Comme au regard des poupées qu'habiterait un ange

Et qui soudain posées sur un canapé pourpre

Se mettraient à parler

 

A dire des choses qui bouleversent à travers

Ses longs cheveux en souriant

 

Et chacun regarde en se demandant s'il est possible

Que cette figure miraculeuse

Soit vivante

 

Et quand on la prend dans ses bras

Qu'on a envie de la bercer ainsi qu'un nouveau-né

On sent qu'elle est souple avec du vrai sang qui circule

Sous sa peau tiède et chargée d'émotion

 

 

3.

 

Telle est la poésie

Qu'on l'aimait déjà tellement avant de la connaître

 

Qu'on ignorait si l'on allait la rencontrer jamais

Entendre sa voix vive au timbre pur comme un gong

D'argent où serait dessiné une spirale infinie

Et qui résonne au fond de nous

Ainsi qu'au temple du cœur où défilent les souvenirs

En robe couleur safran

Comme une procession de moines zen à l'aube

La barre de métal qui fustige les échos

 

Jusqu'aux plus hautes neiges des hautes montagnes

Là où seul les anges vêtus d'un plumage d'hiver posent leur pied

Dans ces instants où soufflent les tempêtes

Et où l'on ne peut les voir

 

À l'instar de celui qui s'assit à côté de moi parmi les météores

Hier soir Alors qu'il bruinait du champagne sur la table

Parmi la pagaille des plats exquis assaisonnés

D'un ouragan de bonheur

 

 

4.

 

Avec une cocarde au front de grands yeux transparents

Elle fait la révolution

D a n s o n s   l a    C a r m a g n o l e

 

Tout ce qui était prévu du processus habituel s'est trouvé

Fracassé comme une banquise par un brise-glace

 

Juste une enfant l'air grave avec une cocarde au front

Bleu blanc rouge et de grands yeux transparents

Au fond desquels palpitait ainsi qu'une petite étoile

Son âme intacte

 

Comment ne pas aimer le monde à travers ces yeux purs

Sur lesquels veillent d'autres yeux

Des yeux de mère aimante ou peut-être d'un grand oiseau secret

Dont les ailes de cristal renaissent indéfiniment

Sur un autel de flamme

 

Tout ce qui était prévu du processus habituel

Fracassé comme une banquise par un brise-glace

 

D a n s o n s   l a   C a r m a g n o l e

 

 

 

5.

 

Nous l'avons serrée entre nos bras en lui disant adieu

Mais en sachant que c'était seulement un au-revoir

 

Que seule une barrière de vent pourrait nous séparer

Avec son bruit de « train à grande vitesse »

Nos mains jointes en esprit faisant la ronde pour toujours

Comme dans une cour d'école

 

Que tout ce qui avait changé en nous, que tout ce qu'elle avait

Bouleversé resterait comme un indétrônable

Triangle d'azur immaculé posé sur l'horizon

Là où l'amour fait des vagues

Là où naît la mer et chante la sirène qu'elle a enfantée

 

Nous l'avons serrée dans nos bras et dans ses cheveux

Nous avons respiré comme un parfum d'ambre de résine et de jasmin

Quelque chose de brûlant et d'émouvant

Comme dans la clarté d'un vitrail où la divinité bénit

 

Lorsque montait l'odeur d'encens de l'église de mon enfance

Ce jour où les cierges et les fleurs m'ont appris

L'incroyable nouvelle que ma mère avait regagné

Sans moi l'Éternité

 

 

 

6.

 

Elle a fait signe avec ses mains d'amoureuse

Et son visage souriant de jeune femme aimée

La fenêtre ouverte sur la nuit s'amenuisait

Au-dessus des trottoirs luisants

 

Qu'importait ! Qu'importait !

Sa désormais vivante image ainsi qu'une icône d'or

Brillait vibrante au fond de nos cœurs

 

L'humanité, l'amour des femmes et des filles et des fils !


La blessure du monde était refermée !

 

La nuit ne pouvait plus nous atteindre.

 

 

 

Nuit du 29 au 30 octobre 2011

 

 

 

 

 

 

 


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