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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 18:41

 

 

                          Le paradoxe

 

 

Ils pensent que les mots ne sont rien ni les poèmes

Que c'est juste un passe-temps de retraité

 

Une sorte de hobby qui aide à patienter

En attendant l'inéluctable fin qui se dessine

 

Sur le mur d'air bleu d'un imaginaire avenir

Ils pensent qu'on peut oublier sans inconvénients

 

L'oxygène du vent frais qui passe sur la mer

Les amours au fond de nous stagnant comme des algues

 

Le visage d'ange qui hante ta vie au fil des jours

Avec cette voix mystérieuse d'hôtesse d'aéroport

 

Qui promet des chemins nouveaux et d'excitants voyages

Sous les mots qui présentent le monde en l'absentant

 

Comme ils garderont ton absence très longtemps

Après l'envol argenté de tes cendres sur le fleuve

 

 

 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 18:01

 

 

                          Parabole

 

Cette rage de lutter contre la disparition des choses

en rêvant de les répertorier avec des phrases

indéfiniment inachevées comme ces palais d'Inde

construits dans les sables et dont on ne sait si les murs

esquissés n'ont pas encore été dressés ou sont ruinés

 

Avec sculptures serpentines d'ombre et de soleil

et toute la geste humaine en bandeau sur le pourtour

continué dans les songeries d'un architecte disparu

Et dans le coeur obscur une fois franchi l'un des quatre

porches éléphantins couverts de runes le secret pur

 

Chambre vide avec tombée de feu froid par la coupole

Pour nos yeux éblouis la forêt de piliers à peine discernable

Où les singes assis s'amusent en craquant des cosses

entre leurs longues dents que découvre un faux sourire

et s'éparpillent brusquement comme un envol de siècles

 

 

 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 17:10

 

 

                       L'alchimiste

 

Il est celui qui reconnaît ce qu'il n'a jamais connu

Les palmes blanches dans la neige rose des plages

La musique qui flamboie dans la nuit des nomades

Le chien noir qui affiche des prunelles d'escarboucles

 

Celui qui perçoit le dégel et la fonte des choses

Le passé qui flue comme un camembert de Salvador Dàli

Le cri des fleurs en rut qui bâillent vers le ciel

L'odeur des vies anciennes qui erre dans l'escalier

 

Il est celui qui écarte résolument le rideau de la pluie

pour voir enfin la lumière en sa splendide nudité

Celui qui cherche un trèfle à quatre feuilles sous la mer

A l'endroit où la sirène a passé en laissant un sillon d'étoiles

 

 

 

 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 11:02

 

             Ma syrinx


Pan chèvre-pied, réveille les échos complices

A l'heure où nue au ciel Séléné se fait voir...

De tubes inégaux baise les orifices

En sorte qu'un son pur s'élève dans le soir !

 

Qu'aux quatorze roseaux de syrinx s'arrondisse

Ta lèvre et plisse appliquée à nous émouvoir,

Rythme et degrés convoquant l'oreille aux délices

D'un ivre souffle encor vernissé de vin noir.

 

Toi qui connus la mort et qui - comme brûlure

du ventre de la terre éveille la nature -

t'en réveillas printemps aux boutons du rosier,

 

Veille le troupeau lent qui me quitte poèmes...

Ranime mes amours, le monde et ce que j'aime...

Et qu'oiseau de cristal je renaisse au brasier !

 

 

 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 17:31

 

Lune lente lune                                                         

 

Lune lente lune au-dessus du ruisseau,

ce serpent infini couvert d'idéogrammes

lumineux comme sont les phrases des poèmes

profondes où l'on entre mais on n'entre pas

 

Lune pleine lune de l'heure de ma naissance

miroir de mes songes et honneur de la mer

lorsque tu m'ouvrais le chemin de l'horizon

et que mon coeur fuyait sur les vagues brillantes

 

Lune viendras-tu en coiffe de vapeurs vertes

pencher ton visage plein de commisération

sur le dernier berceau sur le dernier vaisseau

quand le passeur me conduira jusqu'à l'île des morts ?

 

 

 

 

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 17:19

                                            Est-ce poème...



Est-ce poème cette chose déchirante et déchirée

bribes et ruines comme tessons retrouvés dans le sable

et qui disent des dieux perdus des temples enfouis

des cités et des hommes diaphanes dans ta vision



Leurs amours eurent lieu tout autant que les tiennes

âpres et violentes malgré le paradis des corps

ou grâce au paradis des corps, peut-être, à la soif

qui rend étincelle et splendeur à l'intime et au caché



Puis ils se sont couchés le poète dirait : vêtus

du linceul étoilé de leurs nuits fiévreuses dissidentes

la face dans la terre ils ont sondé d'un regard sans regard

l'abîme d'éternité de ce monde qui sans nous n'en finit pas





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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 16:47

 

 

                                          Sikuris

 

Cette friction du son quand l'air entre

dans le roseau de la syrinx

 

et qu'il devient la voix rauque des nostalgies

 

Ton lieu émietté sur une mer d'un bleu de Prusse

à force de mots voudrait se rassembler

 

Former le cercle d'un atoll avec au centre

l'îlet à mangrove à palmes à voiliers piaillants

 

L'écume y viendrait contrebattre l'écume

au bord des sables soyeux

 

Crêtes blanches des Andes

transparentes dans ma mémoire ainsi que songes

 

A la pointe d'une seule flûte l'air frise et trille

irrémédiable mort nostalgique.

 

 

                                                                                (Italaque, mai 1962)

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 16:28

 

                      Au miroir

 

 

Le souffle du temps chaque jour davantage

au miroir ride ton image

 

Secret parent de l'immuable étang

où seul plissent et flétrissent les reflets du vivant

 

Ah cette face que tu habites et qui se dérobe

plus agaçante qu'un coffret chinois

 

fermé sur son indicible – objet parmi les objets

ton visage dont parler ne saurait venir à bout

 

Tu te retires dans les mots Tu te confines

dans leur insuffisance et si du sens

 

s'évapore tant pis – ce sera la part des anges.

 

 

 

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 15:45
 

 

 

 

                           Végétatif

 

Tandis que nous approchons de la fin d'un monde

et qu'à des événements affreux vont succéder

des choses plus terribles encore,

 

la patiente puissance des fleurs poursuit d'aurore en aurore

le cycle du soleil, embaumant sa lumière

d'un mélange de parfums qui respire l'éternité...

 

A force d'avoir fait, défait, refait le tour

de mes douleurs, j'ai fini par prendre pour modèle

la façon de vivre des plantes : sèves ambrées du sommeil,

poing du platane brandi vers le firmament,

crispé dans l'azur d'une paix inconsciente...

 

Pour l'affaire de l'écrit – la Grande Affaire

de l'Ecrit ! - qui grava dans la pierre

nombre des langues de l'Homme, elle ressemble

à ce vaisseau qui brûle et coule

pendant que l 'amiral des flibustiers à têtes de mort

ainsi qu'en fin de film s'amenuise

en cinglant vers le grand large...

 

Parmi les blancheur de l'écume, c'est un lieu d'archipels

que rallient les Révoltés - dont tu es...

Là sont chiffons de palmes essuyant la transparence bleue

et brises cantonnées sur le seuil de l'horizon, qui s'escriment

sans grand succès à déployer les spinnakers de nuages rétifs.

 

Des cahutes de roseaux entuilés de feuilles diverses

y abritent des clans d'anges cruels et de démons débonnaires,

qui font toute leur cuisine à la sauce d'encre de seiche...

Mais si bien qu'auprès d'eux tu te sentisses accueilli,

tu ne cessais de songer au jour où tu reverrais ton village.

 

Ce que tu ne savais pas, c'est que l'on ne revient

d'aucun voyage, que l'on est seulement

dans l'illusion du retour comme ces soldats

qui reviennent du front après une longue absence

 

et ne reconnaissent vraiment ni femme, ni enfants,

ni maison, tant le compagnonnage

quotidien de la mort les a changés ;

 

ou bien ces explorateurs qui rentrent du Pôle blanc,

d'un désert parsemé des tessons de ruines inconnues,

des cités d'or secrètes d'un lointain Pérou,

 

et débarquent de hauts navires ventrus, en tenant dans leurs mains

d'étranges tubercules, sur leurs poignets des oiseaux bavards,

voix horriblement cassée à force de hurlées

dans les vacarmes de terre et de mer !

 

Contre leur flanc se serre une femme exotique,

en cheveux noirs, timide, et dans ses atours étrangers,

en un langage obscur, esquissant une révérence

mal maîtrisée. Or voici que les amis de son enfance

 

font semblant de le reconnaître avec un sourire forcé

mais se disent au fond d'eux-mêmes : «Qui est

ce type ? Il ne ressemble en rien au jeune aventurier

parti aux Amériques... Celui que nous avons connu

n'avait pas ces façons d''étranger ni cette voix bourrue

ni cet accoutrement de vieux forban des Îles ! »

 

Et lui semble perdu dans nos jardins de roses

et il évoque longuement les vastes fleurs écarlates

qu'assaille la vibration verte de milliers de colibris,

au coeur de jungles étouffant les ruines grimaçantes

de cités que nous ne connaîtrons jamais.

 

Alors, d'un coup, notre monde à nous, celui

où nous vivions si bien, apparaît comme rétréci,

banal, tissé d'un réel odieusement quotidien :

la bière s'affadit ; le pain n'a plus de goût ;

à peine si le vin a conservé un relent

de l'autrefois étourdissant baume des rêves...

 

Et lui, dans l'enceinte de mots qu'il s'est construite

en opus incertum ainsi que restanque de pierres sèches,

guette l'aube par l'unique fenêtre de sa cassine

flatte la tiédeur du soleil sur la croupe de l'olivier,

emprunte aux cigalons la cadence de ses chansons,

 

tandis que nous approchons de la fin d'un monde

et qu'à des événements affreux vont succéder

des choses plus terribles encore.

 

 

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 18:47

          Ballade du point du jour  

 

Ce moment où des rougeurs de pommes,

Dabord longeant les hauts de la mer dentelée

 

Quand sattarde et penche la planète bleue,

Séparent leur or vif de la terre blanche :

 

Sur la plage les enfants bras largement ouverts,

En courant au hasard dun labyrinthe heureux

 

Leur visage en avant, simaginent quils sont le vent

Quelle fraîcheur cet air qui flaire leurs cheveux !

 

Il entre par la demi-lune qui figure

Le soupirail de mon immatériel sépulcre

 

Il souffle l’éveil sur les braises de mon gisant.

Allume dans mes mains l’éclat de l’émeraude.

 

Des guitares qui sentent encor lambre et le jasmin

Frissonnent dans les oliviers que la lumière

 

A pétrifiés dans la posture  de Laocoon,

Tous ses muscles bandés contre le python...

 

Il a plu des pâquerettes dont partout les prés scintillent

L’étang ratisse et rassemble, énormes et légers galets,

 

Quelques nuages boursouflés qui pointent à louest.

Du soleil de printemps germe une semence dor.

 

Or, du fond de lallée, sous la toison darbres grenat,

Jentends un bruit de pas, dont les échos sapprochent.

 

Un blond reflet soyeux de chevelure entre les branches

A lui - et radieuse hors de lombre tu mes apparue !

 

 

 

 


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