Biface
L’oreille collée à la vitre du ciel
Il est comme l’enfant qui cherche à percevoir
Le sifflement transparent des flocons qui tombent
La légèreté des poussières qui trahissent un rai de lune
Ou en pleine insomnie la profusion chantante des étoiles
A proportion des drames effrayants qui déchirent les mondes
Des sociétés qui s’entrechoquent et fondent sur leurs pourtours
Tels des icebergs dans les ondes sanglantes du soleil couchant
Il s’angoisse pour l’univers tandis que sa poésie, elle,
S’enfonce aux splendeurs turquoise des printemps
Tout lui est prétexte à pépiements de bourgeons roses
Et gazouillis de plumes vertes que les tièdes becs des brises
Lissent dans les ramilles
Prétexte à mille soleils minuscules
Qui entrent et sortent des ruches sans perdre un instant
Prétexte à papillons qui déroulent leurs spirales pour plonger
Dans les baumes parfumés qui tapissent le fond des fleurs
Prétexte à toutes les folies des étalons luisants
Qui ruent aux prés parmi boutons d’or et marguerites
Lui écoute avec ses yeux le langage aux blancs pétales
Les mots tombent de son regard rêveur
Sur la page qui s’emplit vivement
D’un étrange amour des choses
Jusqu’aux pierres
Qui lui rendent cet amour comme pour prouver
Qu’elles ont un cœur et lui faire oublier que même
Si elles sont du gris et blanc des goélands
Elles ne peuvent pas s’envoler
Et sa pensée alors couve longuement un poème
A la façon de ces solitaires frustrés
Nichés aux anfractuosités les plus hautes des îles
Alors qu’au bas des falaises la mer s’obstine
Qui s’obstinent comme elle
Faute d’œuf vivant à couver quelques galets ronds
Qui n’écloront jamais !