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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 09:20


4.        Au bord du monde


Tant de beauté Jeunesse folle
Sur le ciel un visage pur auréolé de mèches d’or
Parfum de jasmin blanc et de fougères
Le paysage résumé dans nos fesses ankylosées
Sur le plus haut rocher de la colline

Qu’il est doux de s’enivrer d’un corps de femme
De mêler à l’ardeur du sexe la chaleur de l’amour
La paume caressant ce retrait boudeur
Qui tantôt se donne et tantôt crache
Comme un petit chat

Les effluves du jasmin sont toujours aussi violents
Les pies aux regards acérés toujours moqueuses
D’autres amants dans les buissons peut-être
Une vipère siffle sous les fleurs

Au loin la mer ressasse au passage de chaque instant
Je regarde s’amenuiser l’effervescence du passé
Un sillage d’écume et le miroir
Redevient lisse comme l’oubli

Juste écrire un moment pour retarder l’effacement
La piste parallèle de nos pas dans le sable
S’efforce de résister à l’obstination des lames
Nos noms entrelacés devenus illisibles

L’août écrase de lumière les caps et les îles
Je ne suis plus que silhouette noire
Au bord du monde

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 18:56



3.         Tarot céleste

Derrière la haie à droite un crépitement
On brûle des chansons sans doute
Cris joyeux d’enfants dans la piscine invisible

D’insaisissable pensées me démangent la cervelle
Menaçantes comme des moustiques
Nés des flaques de l’orage

Au jardin l’air se balance
Sur la balançoire vide comme la niche du chien
Sèches herbes folles J’éteins soigneusement
La fin d’une cigarette sans goût

Juché à la cime des grands pins
Comme des cartes le vent rebat
Quelques moutons de nuages
Les étale sur la table du ciel et je cherche
A y lire les figures du jour

Tarot évanescent
Aussi vague que les images de nos destins
Dans les configurations des astres

De ta chemise se détache et s’envole un fil de la Vierge
Doré dans la lumière Un cheveu de la bien-aimée
Sans doute en guise d’au-revoir

Comme si s’était mystérieusement coupé
Le lien qui te rattachait au soleil...

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 18:22



2.               L’heure du thé

Quelque part au loin les patries des gendarmes rouillent
Tandis que les patrouilles de gendarmes rient
Une moto passe bruyamment dans le Chemin des Chauves
On dirait le grondement de tout un pays qui sombre
Là-bas la mer miroite entre les troncs

Assis devant les frondaisons d’une île paisible
Au bord d’une restanque je cherche les phrases
Que j’ai rêvées pendant la nuit

Peut-être cet oiseau dont j’imite le chant subtil
Me répondra-t-il dans sa langue
Ravivant ma mémoire

Je ne suis pas habitué à être vieux
Naguère encore c’est par coeur que spontanément
Me revenaient les vers formés dans mon sommeil

Aujourd’hui - tout juste si j’arrive à reproduire
Dans l’instant un chant d’oiseau
Et pour notre dialogue c’est lui le maître
J’ignore même si c’est à ma solitude qu’il répond

Un instant ma mère m’apparaît à côté du laurier
Pâle et le regard vide Comme si elle n’avait
Définitivement plus rien à me dire
Je pense à cette table marquetée en mauvais bois
En face de mon lit

A demi-déglinguée la beauté des choses
Cache une matière déjà rongée par les vers
Le cercueil du passé

Il est temps de se secouer
Je vais me faire un thé.


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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 18:00

                                   VILLA  L’UPPIANE



1.     Le bruit du journal

Le soleil de cinq heures depuis la colline
Tire un premier rayon qui écrête les pins
L’écureuil prestement remonte dans les branches
Et d’une fourche m’observe museau pointu
Curiosité dans ses petits yeux noirs

Un clan de pies au loin éclate
En une dispute assourdissante
Avec des cris de branches sèches que l’on brise

Je me demande pourquoi les choses dans nos yeux
S’amenuisent ainsi avec l’éloignement
Logique de montagnes mauves et d’azur d’un bleu de givre

Si peu du monde reste en filigrane entre la mort
Et moi... Le bruit du journal qu’on jette par-dessus
Le grillage d’enceinte entrecroisé
Et qui tombe dans la cour
Désespérantes nouvelles du monde

Le silence est revenu où s’effiloche un nuage
Comme un voile de veuve au vent
Tous dorment dans la maison repliée
Hermétiquement sur elle-même
J’imagine qui dort la soeur blessée

Quelle beauté dans cette lumière
Qui partout insinue ses doigts radieux
Quelle tristesse dans ma tête au centre de cette beauté
Qui recèle les germes d’une journée neuve
Avec sa douceur et sa voix fraîche d’enfant pensif

Ne pas mourir - me dis-je - avant d’avoir vécu  u n  j o u r
Qui se soit égalé aux promesses de son aurore !


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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 13:12

    
          Intransigeanté vérité


Qu’elle feigne d’être amoureuse
Nos gestes n’en prendront jamais ombrage
Nous ferons simplement un feu de ses chansons
Quand nous serons lassés
D’avoir trop souvent confronté nos coeurs
A son image et nos regards
Aux horizons promis par son éclat

Nous arbres accablés de feuilles et Elle
La rivière éprise de nos jeux d’enfants gâtés !
(Des ailettes de bois moulinaient la lumière
Dans le silence ancien qui enveloppait nos étés)

Qu’il fasse un peu froid désormais
Ne sera pas pour nous déplaire
Même le jour où la forge d’éclairs
Sera fermée ainsi que nuit jalouse de ses fleurs

Nous sommes d’une race à brûler nos vaisseaux
Sans larmes ni regrets nous qui nés de la terre
N’avions que le désir de voir et de sentir
Et le seul don d’aménager notre misère
Sans illusions quant aux promesses du chaos
Argenté - cet ossuaire à venir

 

 

 

 


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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 10:13


    Vie quotidienne

Aux hasards d’un fleuve irradiant
D’insaisissables reflets emportent ta vie

Elle franchit des tourbillons d ’azur
Proue égratignée par le sang des aurores

De grands arbres sévères la regardent
Passer ainsi qu’une parente éloignée
Le vent attise leurs sèves aromatiques

Pirogue étroite et longue comme un cercueil
Mais dansante mais joyeuse et vive

Au matin sa passagère s’enivre d’oiseaux
Et le soir s’endort au-milieu d’images venimeuses
Que ses songes lui font négliger

Ah comme sa silhouette est douce et sinueuse
Au bord du lin qui la dessine comme un lys
Prompte sous la caresse Ombre et pistil doré

Conque ou carène de vertige où s’offre
Le ressac pressenti d’une mer étoilée

Dans une mauve odeur d’embruns et de lavande
Où le ciel nu se fût lavé de son éternité

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 11:15


            Nous discutions...     

Nous discutions Aïlenn et moi de peinture flamande ;
On en vint à Memling, à Gdansk, au “Jugement dernier”
Et ma pensée en écoutant vagabondait aux marches de cristal
Que gravissaient les justes guidés par les anges
Vers la Porte du Paradis...

Les anges ! Les insupportables anges,
Inconscients de l’éphémère et de l’éternité,
Qui ne savent aimer que ce qu’ils voient
Une fois, une seule, et pour lesquels notre univers
N’est qu’un foisonnement arborescent, un genre de corail
Qu’ils observent de l’extérieur à travers la sphère
Limpide du temps, pour eux clos, immobile, étranger
Comme ces billes de verre au coeur veiné
De coulures diaprées qui sont une multiple
Vie impénétrable entre son début - “ F I AT   L V X ! ” -
Et sa fin... 

                  Les anges ignorants
Et qui jamais ne sauront rien du bonheur de l’instant :
De la mosquée au bord de l’eau verte à l’aurore
Entrevue par la vitre du car, dôme rose
Environné d’oiseaux parmi les palmiers et les saules,
Sur la route de Larnaca...
                  De cette beauté nue
Qu’une femme arrosait dans une cour carrelée
De zelliges, que surplombait la fenêtre
De notre chambre d’hôtel climatisée,
En cette fin de juillet chypriote...
                      Ignorants
De l’abîme azuré que sont les yeux de mon amour
Lorsqu’un soudain vertige à bout portant me frappe
Au coeur et que mes jambes se dérobent
Parce qu’Aïlenn et moi nous discutions ce matin-là,
Tranquillement, de peinture flamande   
De Hans Memling, de Gdansk, et de l’escalier de cristal
Du fameux “Jugement dernier”.

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 10:04

           
    Conscience

Il y a ceux qui sont nés pour être
Témoins du désastre et d’autres
Pour ne pas s’en soucier

Depuis que j’ai
Souvent au bar atteint
L’âge de la conscience

Si tard d’ailleurs que la proche ténèbre
Fait qu’il n’y a plus grand’chose
À distinguer

J’ai l’impression de n’avoir pas vécu ma vie
Qu’il s’agit de l’histoire
D’un autre qui m’aurait habité tout ce temps

Que je me débattais dans un monde exotique
Rempli de gens vêtus à la façon biblique
Dans des bourgs dont les ruelles
Donnent toutes sur l’océan vert

Mais violet là-bas où glissent
Ces voiles blanches ou bises
Qu’incline doucement la lumière
Du couchant

Dérangeantes visions d’une vie antérieure
Qui m’occupait beaucoup trop pour connaître
Que je vivais Que j’aimais Que j’enfantais
Et travaillais parmi les hommes

Une vie longue et compliquée et riche
De tout ce que je pouvais désirer
Une vie qui m’a tant donné
Sans que j’en aie
Profondément saisi chaque minute

Ni de leurs gangues extrait l’or


Qu’aujourd’hui je découvre qu’elle a passé
Comme on dirait de ces tissus trop longtemps
Restés à sécher au soleil

Vitement passé
Comme plein d’intrigues merveilleuses

Un rêve
Que leur dénouement a jeté dans la peau d’un autre
Dans la clarté d'une rive étrangère



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14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 15:13



          Chant du soir

        Faible rossignol
Cime des rougeurs d’automne
        Courage flûté

   

           Equinoxe
   
        Visage serein
Malgré la mer écumante
        Encore la lune !

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 11:17


     Survivre !

Semblable à tel qui
                 dans la nuit
                     combattit avec l’ange
De tes longs pugilats contre l’invisible
Tu ressors avec l’âme cyanosée

Pareil à l’oiseau qui juste avant minuit
Après un grand bruit de feuilles dans l’érable
Echappant au chat noir

Plus mort que vif
S’est réfugié sur ton balcon l’aile pendante
Le souffle court
                           Frêle chose de plumes
Palpitantes qui resta longtemps figée
Comme mourante avant
De s’envoler vers le toit le plus proche

Sans avoir rien partagé
Que cet instant d’affolement

L’âme cyanosée
                            alors que demain
Reparaîtra l’insaisissable adversaire
Noir dans le noir


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