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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 12:58


               Le bonhomme de neige


Il fait beau, il fait doux : c'est un jour de bonheur.

Les enfants ont dressé un bonhomme de neige

A côté du chalet : j'observe leur manège

Au milieu des sapins alourdis de blancheur.


Carotte pour le nez, un balai sur le coeur,

Sur son ventre dodu, quelques bouchons de liège

En guise de boutons. L'écharpe qui protège

Son cou, est du bel écarlate de rigueur.


Pour ses yeux, ils ont mis deux capsules de bière.

A sa bouche, une vieille pipe de bruyère,

Et sur sa tête un galurin de feutre noir.


Ils ont dansé autour et fait mille manières,

Puis sont partis skier dans la belle lumière

D'après-midi et sont rentrés fourbus le soir !




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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 14:26

Sous les yeux des étoiles...


Avec son sapin vert,

Revoici donc Noël,

Son froid gai - ou cruel -

Et sa neige d'hiver.


Les gens d'un magasin

Décorent leur vitrine

Qui la nuit s'illumine.

On parle entre voisins :


«Au-dessus du décor,

Faut-il une guirlande

Ici ? La houppelande,

le traîneau rouge et or,


Sont-ils bien disposés ?»

On entend des éloges.

Une femme interroge

Quelques passants blasés.


Des gens, près du métro,

Du temps glacial se plaignent,

En grillant des châtaignes

Sur un vieux brasero.


Un SDF s'endort

Emballé de guenilles

Couché sur une grille.

Il paraît ivre-mort !


Rebut du genre humain,

Veillé par des bouteilles

Vides, l'homme sommeille.

Sera-t-il là demain ?

 

Il se fait déjà tard.

Dans la nuit qui s'avance

Résonne l'insouciance

D'un groupe de fêtards.


Ils enjambent son corps :

Un instant l'homme grogne,

Laisse entrevoir sa trogne.

Et puis il se rendort.


Derniers bruits de moteurs...

Le silence s'installe

Sous les yeux des étoiles

Ignorant nos malheurs.



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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 10:55

          Père Noël


Dans le noir de la nuit

Tout est blanc, rien ne bouge.

On n'entend aucun bruit...

Quel est ce traîneau rouge

qu'une étoile poursuit,

qui file et qui s'enfuit ?...


Un vieux barbu, debout

sur ses bottes, fouaille

douze forts caribous

dont tintent les sonnailles.

Sa hotte croule sous

Des milliers de joujoux.


Il survole les toits,

Dans chaque cheminée

Jetant d'un geste adroit

Les lots de sa tournée !

Peu lui chaut s'il fait froid

ou si le vent s'accroît !


Le monde entier l'attend.

Tous les enfants l'espèrent !

Pour lui, c'est important :

Il sait qu'il est le Père

Noël, et il entend

le demeurer longtemps !


Dans son rouge manteau,

En activant ses rennes,

Il pousse son traîneau

Par les monts, par les plaines,

Jusqu'au moindre hameau,

Et répand ses cadeaux.


Vole, Père Noël !

Lorsque la matinée

Eclairera le ciel,

Fini la randonnée !

Que ton sort est cruel :

Attendre une autre année


Le droit d'être éternel !





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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:34



              Quelle Ailenn ?


Se pourrait-il que tu n'existes pas - ô toi

que j'aime - autrement que dans mon

imagination ?

                          Que ce corps gracile

que je serre contre moi dans un élan

qui doit beaucoup au désespoir ;

que ce corps gracile, que ce visage, lequel

un jour a recueilli mon coeur au filet

de ses traits alors que tel un acrobate, il faisait

le saut de l'ange au dessus du vide ;

que ce visage, que cette voix, dont l'inflexion

me donne l'impression d'être toujours

en instance de m'envoler vers d'exotiques

Polynésies ; que cette voix, que ces cheveux

où j'enfouis si volontiers ma face comme en un

ruissellement de lumière odorante ; que ces

cheveux, ce corps, cette voix, ce visage,

cet ensemble de grâces, résolument indéfinis-

sables, qui me permet de te repérer dans l'instant,

et de loin, au sein d'une foule opaque,

que cet ensemble n'existe pas et ne soit,

au fond du fond, qu'une sorte d'icône illusoire

née de moi : un costume fascinant, mythique,

dont tu te trouves constamment travestie

depuis que tu occupes, sur la scène de ma vie,

                    le rôle principal ?




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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:33


            Nocturne


Du vent qui souffle dans la nuit

en embrouillant les songes des forêts

et la forêt des songes


tu reçois les murmures - dictée

dont le sens t'échappe avant

que tu ne la relises


Ce que tu appelles "poème"

sur le papier s'éclaire

puis s'efface


et tu te retrouves seul après la bourrasque

au milieu d'un silence de colonnes

que parachèvent les étoiles


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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:25



                    Même si...


Même si le merveilleux n'était pas dans ce que

tu vécus, mais dans le simple fait de vivre :

ce que tu as mis plus longtemps, entre nous

soit dit, que quiconque à soupçonner ;


même si la fraîcheur des Premiers Temps,

mollets nus dans l'aube mouillée de rosée

des herbes, au soleil luyant comme fourrure

de chat,

               même si la fraîcheur enrichie

des griffures d'encre délicieuse des mûres

à tes jambes nues et du parfum des chanterelles

qui, dans la pénombre du sous-bois, monte vers

les hautes tiares duveteuses des touffes d'épilobes

émergeant des buissons de framboisiers,


même si   c e l a   t'était rendu avec la fraîcheur

des premiers temps, celle de la limonade

que ton grand-père t'emmenait boire au bistrot

du col - but rituel de toutes vos promenades -,

avant d'entamer le retour vers la minuscule

maison, là-bas, au fond de la vallée ;


même si le visage de poupée créole

de BO, avec ses belles lèvres plissées en une

moue qui appelait follement au baiser,

et l'air faussement détaché qu'elle prenait

à tirer nerveusement sur les branches

des buissons, lors de vos conversations,

le dimanche après messe, au bord de la

"route du Châtelard",

                                     avec cette peau lisse,

brune et mate, enfantine sous les caresses,

qu'entretenait, l'hiver, la lumière des Antilles

sur ses pommettes et ses joues de native des îles,

(mais aussi, avoue-le, sur son corps gracile

capable, d'instinct, à peine nubile,

     de se tordre comme salamandre dans le feu ;)


même si tout cela, fraîcheur des premières amours,

têtues, main dans la main le long des sentes flexibles

de noisetiers,

                et autres moments ordinaires qui, d'avoir été

contaminés par la rêverie du paradis, irradient encore

après tant d'années d'une sorte de rémanence

inextinguible,

                          même si   t o u t   c e l a ,   ce soir,

t'était rendu, accompagné des quelques instants

les plus enchanteurs que tu aies vécus sur cette terre,

                          tu n'accepterais

ni de recommencer ta vie, ni d'en revivre une nouvelle !





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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:19


                   En plein abandon


Avec le trouble sentiment de ne supporter, ni

l'imperfection, ni la perfection à quoi pourtant

tu te complais à rêver devant quelques lignes

pendant des journées entières, tu es sorti,

exaspéré, à travers la ville ensoleillée de juin,

par les rues qui sentent l'urine des hommes

et des chiens. Tu as déambulé au hasard,

comme s'il était possible que tu te perdes

dans Paris à soixante ans passés ! Et, de fait,

tu as découvert, ici et là, quelques arrière-cours

oubliées ou ignorées, de toi, et même du temps :

trois sorbiers, de la vigne vierge rouge qui

escalade la façade à l'architecture vieillotte

d'anciens petits hôtels particulers, au fond

d'impasses pavées, - tuiles alourdies de mousse,

volets à claire-voie, plus ou moins délavés et

démantibulés, colombiers d'angle et, qui règne

sur l'ensemble, un petit air de "province", une

ambiance de "presbytère derrière l'église",

qui faisait que l'on se sentait vaguement étonné

de ne pas découvrir aux alentours un cimetière.

(Peut-être est-ce parce que la petite vieille

au chignon de cheveux gris-blancs franchissant

le pas de sa porte ou le vieux cagneux

au béret tanné penché sur sa canne ont encore

à vivre quelques années ?) Quoi qu'il en soit,

cette "perfection-imperfection" dont tu avais rêvé

"des journées entières", se trouvait là, en plein

abandon d'un minuscule site enchâssé dans la ville

et qui était en train de s'acheminer imperceptible-

ment vers la ruine, avant de disparaître tout à fait

quand en disparaîtrait, avec ta propre disparition,

                      le vivant souvenir.






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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:15


             Au trou !


Parfois tu te réfugies dans un trou

de mémoire au fond duquel

tu hibernes longtemps comme

un serpent... Chaque aube avec

ses corneilles énormes, à la pointe

du tremble, sur fond de nuées roses

qui bientôt foisonneront dorées,


chaque aube te rapproche un peu

de l'Inconnu. Bizarre sentiment.

Toute une vie passée à construire et

quand on a fini, ou du moins à demi

achevé notre château en Espagne,

pouf ! plus rien à faire qu'attendre

comme un enfant au bord de la plage

la grande vague qui, c'est sûr, viendra.


Rien à faire qu'attendre de mourir

au-milieu des amis qui, l'un après

l'autre agonisent, chacun s'attendant

à être le prochain qui sera biffé sur

la Liste.

                       Et l'on vient vous parler

comme à des enfants attardés

de "Foi" et "d'amour de Dieu"


et autres douteuses fictions, pour

ne pas dire balivernes, alors que la

réalité atteste que, si dieu il y a,

il nous a organisé un enfer, ici même,

un enfer d'un raffinement inouï, avec

le massacre des Innocents qui dure

depuis la nuit des temps, avec les tortures

naturelles de la faim, de la maladie,


de la misère, et les tortures rajoutées

par la cruauté jouisseuse des humains,

ceux qui croient que torturer les autres

peut atténuer ou soulager cette souffrance

qu'eux-mêmes endurent, affreusement,

depuis leur naissance... Un enfer

d'un raffinement inouï, après lequel


- rien ! Et pour les esprits crédules,

avant ce rien, le doute, qui est un degré

supplémentaire de subtilité en matière

de torture : si pervers, si sadique, si

déshonorant qu'il vaudrait mieux,

ma foi, que le Grand Tortionnaire

qui se repaîtrait de la douleur du Vivant

depuis la nuit des temps,

                                                                        n'existât pas !




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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 11:11


Solitude


Peu de choses

et surtout lorsque c'est

contre toute espérance

à l'heure où un écho abandonné

traîne de rue en rue comme un vieux

chien qui flaire obstinément, dans une ville

bombardée,

les ruines engorgées de gravois

d'où émerge parfois une face de poupée

mâchurée ainsi qu'un ramoneur d'autrefois,


à la recherche de son ancienne maison...

Pourtant chez les humains la solitude

peut s'agrandir encore

de la conscience qu'elle a d'elle-même...


On se met à se tutoyer soi-même

et à force de parler dans le vide, certains

finissent par donner figure à des fantômes,

à des monstres, ou a des dieux.

Tout, pourvu qu'à l'impossible dialogue

nul ne soit tenu ! Et voici que d'autres ont

choisi de discuter à une voix, avec la feuille

blanche où cette voix fait signe : écho

sans écho et murmure inaudible : le silence

parle et feint qu'il demeure ta voix ! C'est

la lettre du défunt qu'on relit une dernière fois

avant que ce bavard silence ne nous soit

insupportable au point d'abandonner les reliques

du feu au feu, comme dirait un "mot-croisiste".

C'est le message, à flanc de falaise, d'un roi

d'Assyrie qui a voulu que ses victoires

ne fussent pas oubliées, ni ses titres de gloire.


Et plus ne reste aujourd'hui que la brûlure rouge

du désert dans le regard nomade d'un enfant

curieux que sa chèvre entraîna sur les corniches

périlleuses et qui, tout berger analphabète

qu'il soit, avec appréhension devine être devant

le legs d'une puissance mystérieuse et formidable...


Peu de choses

et surtout lorsque c'est contre toute espérance.

Un clou rouillé de la "vraie croix", un mandilion,

un linceul, une tunique avec les marques

presque effacées, douteuses, d'un corps que l'on

veut croire transcendé par sa transmutation

brutale en lumière pascale : ô big-bang de la foi

qui a pour autre nom incertitude !


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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 11:23


                      Sous les feuilles


Ce matin, du balcon, une femme t'a jeté, mauve,

une fleur de pétunia. Et comme cette femme

est ton amour, son geste a réveillé de très vieux

souvenirs de fleurs données, de fleurs reçues

et d'inesprimibile nulla....

                                            C'est là que tu as découvert

combien les souvenirs ressemblent à ces Titanic,

Andrea Doria, ou à ces galions dorés sur la route

des Amériques : au fond de l'océan, ils ont

sombré dans une léthargie abyssale. Insensiblement

le temps les rend flous. Et quelque fois

les renfloue ! Avec une force imprévue, ils refont

bruquement surface, avec à leur bord quantité

de masques tragiques ou comiques, avec à leur bord

mille moments de rire ou de douleur qu'on avait

oubliés : visages de grand'mères, de parents, d'amis

longtemps chéris avec tendresse et dont on croyait

que leurs fantômes avaient renoncé à nous hanter.


Et revoici tous ces anciens moments qui clignent,

l'air aussi neufs que de vieux plateaux de cuivre,

quand ils brillent d'avoir été frottés au citron et

astiqués minutieusement à la pâte à polir. Emotions

brutales, retour des odeurs, violence des chagrins,

des amours, des rêveries désespérées. Le temps

avait "mis sous le boisseau", mais non pas détruit.

A notre insu tout restait intact, d'une vie perdue

comme une montre en or qu'on retrouve après

bien des années, sous les feuilles d'automne

dans un coin de jardin qu'on s'est enfin décidé

à nettoyer, et dont on s'aperçoit qu'elle fonctionne

                              toujours.






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