Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 décembre 2019 3 11 /12 /décembre /2019 10:50

Un onze Décembre au XXIème siècle

.

Les trottoirs font leur cinéma

grâce à la bruine complice

Ils changent les feux des vitrines

en nappes d’astres irisés

et les nébuleuses du ciel gris

jonchent le sol de plaques de zinc

 .

Seules les grandes corneilles noires

en se grattant l’aisselle au coin des toits

s’enchantent de ce temps mouillé

Capuches tirées sur le front

parapluies déployés les passants

hâtent leurs enfants vers l’école

.

Aujourd’hui c’est jour de grève

Un bus sur dix, ni train ni tram ni métro

La désolation à quelques jours de Noël

a vidé les grands supermarchés illuminés

Les caissières se morfondent fatiguées

d’être venues de banlieues éloignées

.

Quand on questionne (s’ils consentent

à répondre) les passants impatientés

les uns sont contre, les autres sont pour

malgré les désagréments, tous enragés

fanatiques de leur syndicat On dirait

que le mot Démocratie est d’une religion

.

Moi je piétine le film trop flou des trottoirs

Mille baisers de bruine complice

feignent de rajeunir mes vieilles joues

qu’éclairent les devantures irisées

Je vais seul tête nue au hasard des rues

C’est ainsi C’est le labyrinthe de ma vie

 

 

 

.

 

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 16:46

L’âme parfaite du Monde 
.
Ne regarde plus vers l’île
dont les frondaisons moutonnent
en couronnes de brocolis sur les roches
accumulées par le soleil couchant
et rebattues par la mer 
qui traduit en écume les cris 
tourbillonnants d’oiseaux effarouchés
.
Perdurable et doux lieu de solitude
frangé de plages hérissées de lis parfumés
secoués au gré des airs iodés...
Qu’il serait plaisant après quelques brasses
en compagnie d’une Aphrodite frissonnante
de s’y échouer à côté d’un beau coquillage torsadé
presque enfoui dans le sable de nacre
.
Ce serait comme une romance
tissée en mots de nuages rose-corail
qui transmigrent par la fente de l’horizon  
à la suite du soleil à la crosse d’or
Et que l’on écoute enlacés depuis le rivage
de l’île casquée de vert au-dessus d’anfractuosités
pourpres inlassablement rebattues par la mer

.
 

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 12:36

« Libre, libre, libre ! » 
.
Peut-être une dernière cavatine de fauvette
dans les roseaux d’un poème de Char
Peut-être ce serait, non le mot de la fin 
mais l’effet libre de l’âme animale déchaînée
des exigences austères de la fourberie sociale
.
Où l’oiseau babillard désormais ? A-t-il franchi 
le feuillolement des flots de Méditerranée ?
Nous laisse-t-il, peuple sans ailes, flagellés
par les tiges fluides des pluies de novembre
muets et pareils à des sourds transis de silence ?
.
Peut-être seulement réfugié, ce mignon avatar
d’Orphée, quelque part en Andalousie ou en Sicile,
reviendra-t-il en mai pondre quatre petits œufs
éclaboussés d’encre qui mériteront leurs treize
jours de couvée pour onze d’éducation et six
.
ou sept ans de vie si l’on en croit l’Ornithologie…
On en conclurait aisément qu’à la façon des vers 
et strophes d’un poème, la Liberté serait chiffrée 
puisque amie de la plume elle anime un langage
qui constamment comme un galet rêve de s’envoler...

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2019 6 07 /12 /décembre /2019 13:02

Shampoing
.
Point de beauté à contempler dehors
ce matin, la pluie lave les frondaisons
safran qui ont cet air des chevelures
découragées de blondes dans l'instant
où elles sortent du flot pour regagner
le bord sous l’oeil éblouissant du dieu.
J’ai foulé le trottoir pour aller quérir
certain shampoing à l’huile d’argan
dont a besoin absolument ma douce,
car c’est le seul qui lui plaît entre tous.
Après avoir exploré successivement
quatre ou cinq magasins sans succès,
l’un d’entre eux par miracle en avait
un flacon sur sa plus haute étagère :
un transparent flacon où, langoureux,
lorsqu’on l’inclinait à l’horizontale
s’étirait un or gluant qui ressemblait 
au miel d’acacia ou à la térébenthine
de Venise. Et cela formait des ocelles
ou des bulles aux lunules de lumière
qui regagnaient paresseusement et
comme à regret la surface. Un temps
hypnotisé par cette fluide splendeur,
je la contemplais avec l’esprit ailleurs
quand la vendeuse s’est impatientée :
retour brusque au réel ! J’ai payé 4 €
et je suis parti sans mot dire, le coeur
imbu de ces visions d’onctueuse liqueur...

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 08:59

Post mortem

.
Après sa mort
.
Ce qui lui manquait
c'était le bruit de l'eau
.
ce ruissellement de fontaine
aux oiseaux dans la cour
.
Le commencement de l'éternité
avait coïncidé avec celui du silence
.
lorsque les vingt quatre colombes
qui nous observaient la tête oblique
en entendant sonner les heures
.
s'étaient envolées d'un seul
claquement d'ailes
.
Toutes les odeurs
s'étaient éteintes du même coup
avec les rayons du soleil

Il n'en restait dans le noir
de sa mémoire que la vision phosphorescente
d'une sorte de chrysanthème violet
.
Mais impossible déjà de se rappeler
l'exquis parfum des giroflées
.
Tout cela faisait qu'il y avait
comme un manque d'amour
au sein du Nulle-Part
de l'intouchable nuit
.
Pas de corps, pas de soupirs,
pas de douleurs, pas de cris
de plaisir
.
Pas de rires d'enfants
.
Rien – qu'une frustration
absolue Quelque chose
d'impossible à imaginer
.
pour un vivant.


.
(Réédition)

Partager cet article
Repost0