Un onze Décembre au XXIème siècle
.
Les trottoirs font leur cinéma
grâce à la bruine complice
Ils changent les feux des vitrines
en nappes d’astres irisés
et les nébuleuses du ciel gris
jonchent le sol de plaques de zinc
.
Seules les grandes corneilles noires
en se grattant l’aisselle au coin des toits
s’enchantent de ce temps mouillé
Capuches tirées sur le front
parapluies déployés les passants
hâtent leurs enfants vers l’école
.
Aujourd’hui c’est jour de grève
Un bus sur dix, ni train ni tram ni métro
La désolation à quelques jours de Noël
a vidé les grands supermarchés illuminés
Les caissières se morfondent fatiguées
d’être venues de banlieues éloignées
.
Quand on questionne (s’ils consentent
à répondre) les passants impatientés
les uns sont contre, les autres sont pour
malgré les désagréments, tous enragés
fanatiques de leur syndicat On dirait
que le mot Démocratie est d’une religion
.
Moi je piétine le film trop flou des trottoirs
Mille baisers de bruine complice
feignent de rajeunir mes vieilles joues
qu’éclairent les devantures irisées
Je vais seul tête nue au hasard des rues
C’est ainsi C’est le labyrinthe de ma vie
.