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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 15:34



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Poète pétrifié

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Appuyé sur ton coude le poing sous le menton

tu laisses divaguer tes antennes mentales Tu t'imagines

en insecte fantôme au loin palpant les joies et les drames

de millions d'autres comme toi pareils à des termites

grouillant dans leurs mégalopoles à demi-souterraines

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D'entre les milliers d'ondes qui de l'un à l'autre continents

entrecroisent d'invisibles cercles tu n'as pas renoncé

à discerner tombant des étoiles quelques meuglements

de chérubins aux museaux de taurillons qui discutent

assis chacun sur son astéroïde pour occuper l'éternité

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tandis que le retour du Dieu se fait attendre et semble

à en juger par l'empire croissant du Mal sur Terre

de plus en plus aléatoire et pour tout dire improbable.



 

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Un Mai perdu dans l'éternité

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Son corps était de jasmin où perlait la rosée

(disait-il) dans le parc de la pension sous les hêtres

Trente quatre ans à nous deux feutrant les hautes herbes

livrés à l'indiscrétion des papillons aux ailes attentives

mais les abeilles ni les bourdons ne se souciaient de nous

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Sous ma prison de ciel je vivais enchaîné par les nuages

Son regard était limpide à cause de ses rêves d'avenir

La pente du pré venait mendier du vert dans ses yeux

où volaient de minuscules angelots aux fesses potelées

petits comme des moineaux fugitifs entre les branches

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Les tiges dans son dos écrivaient les mille empreintes

de nos vertiges Le vent avait emporté ses plus beaux

râles de fausse agonie dont quelques uns encore restaient

vibrants aux feuilles et contaminaient d'un secret désir

les ramiers toujours prêts à roucouler au moindre prétexte.



 

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Consentement obligé

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Ce voile de lin sur mon visage ignorance aveugle

m'habitue avec une insensible lenteur à n'être plus

parmi vous Les seules étoiles qui me soient laissées

occupent l'impalpable éther de mon ciel intérieur

dont l'horizon marie à jamais l'amour et la mer

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Le Passeur poussant sa barque vers l'île fuligineuse

en guise d'obole me demande mon coeur racorni

comme une vieille bourse de cuir dont les globules

desséchés seraient les piécette de cuivre Il faudra

bien hélas que je le lui offre en pleine traversée

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Déjà tels des galions aux coffres vomissant leur or

mes souvenirs sont passés par le fond et se mêlent

aux balancements hypnotiques des verdeurs du Temps

Cette forêt de murènes aux dents d'aiguilles fines

qui par douze dévorent mes derniers lambeaux de vie !



 

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Visite à la villa déserte

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En marchant au hasard de chemins ignorés

dont le réseau dessert tout l'arrière-pays,

on découvre parfois des portails décorés,

mal fermés sur des parcs pleins d'Apollons vieillis.

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Une demeure close, aux volets ajourés,

porche aux claveaux gravés d'un épi de maïs,

murs et balcons de fer par le lierre envahis,

bassins de ciment nu, reflets évaporés,

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paraît sous les feuillus, empreinte de mystère,

au détour d'une allée. On ne résiste pas

à la curiosité : c'est pour la satisfaire

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qu'on éveille l'endroit par le bruit de nos pas.

De ce qu'on n'a pas vu, mille romans se forment

et l'on s'en va, tandis que les lieux se rendorment.

 

 







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Destinée

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Tourne busard tourne au centre de l'azur

de l'azur infini tourne émule du soleil

que ton cri réduit à son silence de lumière

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Qu'attends-tu qu'attends-tu les coquelicots

du couchant les iris violacés du soir

L'odeur des neiges qui descend avec le vent ?

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En cercles et cercles là-haut compagnon de mon âme

tu hèles les devasqui jamais ne viendront

avant que le fusil de l'aube ne t'abatte...



 



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