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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 19:04

 

 

MIDI

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Je préfèrerais les façades au long de la jetée paisible d'un village. Les tavernes regardent la mer pâle et d'un bleu lisse de fumée qui se dissipe en approchant de l'horizon voilé. Une colline verte surplombe les maisons, avec des pans de mur clairs sous les frondaisons redondantes. Air tiède, qui circule mollement en agitant parfois les bannes et les parasols...

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Les barques colorées, dignes d'enluminures d'ex-votos pour chapelles de marins, sont tirées sur la grève ou hissées sur des bers. Le printemps commence à pétiller blanc et rose dans les arbres fruitiers des jardins. Près des blocs de rochers brise-lames, de temps en temps un poisson claque de la queue hors de l'eau pour saisir son propre éclair.

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Au seuil des maisons, les grand'mères assises dans l'angle d'ombre de la porte échangent des recettes de soupe aux herbes. Au fond de la pièce, un remuement de casseroles atteste que quelqu'un cuisine. Toute la rue se parfume de fragrances de midi, ail, fenouil, grillades diverses, senteurs immémoriales d'activité humaine qui patinent l'air !

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Sur la table de bois blanc marquée de multiples ronds entrelacés, les verres embués sont jaunis d'anis liquide. On parle beaucoup et bruyamment, de préférence pour ne rien dire de grave, seulement pour le plaisir de manifester qu'on est plusieurs, que l'élixir apéritif concilie. Les jolies femmes rient très fort pour qu'on les regarde. Dans leurs yeux brillants les hommes se voient en train de rebâtir le monde.

 

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