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3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 19:45

 

Épair amer

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Bien sûr que c'est un handicap d'en savoir tellement sur les mots, la langue, le parler des langues, et le reste – bref, enviables sont les poètes d'instinct qui en ignorent tout et s'élancent à travers pensées et sentiments, vécu et rêve, à la façon des slameurs inconscients de tout ce qui pourrait entraver le dévidement indéfini de leur pelote...

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Soleil, fleur de soleil, chardon bleu des montagnes, poussé dans les anfractuosités de l'obscur, quelle image de solitude dont nulle abeille ne saurait faire son miel, dont nul oiseau ne saurait égaler le lustre argenté dans les soirs ! Brûlez du sang des poètes morts, horizons qui freinez la fuite du jour pour un dernier psaume de lumière !

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Le conte dit que le garçon, tout juste adolescent, franchit le seuil de l'insensé comme on passe sous un torii écarlate, puis sous un autre et sous un autre encore. Jamais pourtant les choses ne réduisaient en déraison, l'univers demeurait multidément de mille multifolles façons, au point qu'en seulement parler était éprouvant.

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Après un nombre considérable d'années, le constat lui vint enfin, amer, qu'il n'existait pas de moyen pour la langue de draguer le lit du temps, son écoulement miroitant, suffisamment profondément pour ramener au jour de la réalité, même sous forme de gravier, de miettes, de débris. Il lui fallut admettre que même la Science était foi et fiction.









 



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