39. Nocturne de la parole
Nuit claire
Nuit de rosée qu'imprègne l'injuste et tendre parti-pris des Mères
Nuit pleine de la transparence du vent solitaire
Seigneur de la terre ardente et des moissons
Des herbes hautes pains d'oiseaux et graminées
Qui rendent invisible
Archange de la paix dont les lèvres bruiront jusqu'à ce qu'au matin
Émerge de la mer le cercle chauve du soleil
À la gauche du vieil olivier et des lauriers de la lumière
Le livre des vagues feuilleté par l'obscurité
Ressemble à celui du destin
Qu'on en ignore tout n'empêche en rien que ses sentences
Nous tombent sur la tête à la façon d'un aérolithe engravé
De dates et de noms C a l m e b l o c i c i-b a s c h u d 'u n
D é s a s t r e o b s c u r
Nuit de Pierre Nuit claire
Nuit qu'imprègne l'injuste et tendre parti-pris des Mères
Nuit des mains qu'on mouille en les plongeant dans les fougères
Pour rendre à nos faces la fraîche innocence des jours
Nuit de la marche dans la nuit à la recherche de l'étoile
Mais comment retrouver la nôtre parmi les animaux mystérieux
Du zodiaque et la garde montante des constellations
Avec la Ruche et les Deux ânes – du Nord et du Sud -
Et le souvenir du dieu accompagné de Silène
En train de façonner dans un roseau quelque nouvelle flûte
Qu'importe ! C'est en fils d'Hermès qu'au long du haut sentier désert
Nous reviendrons vers la cité sous une vaste lune d'août
Qui ruisselante monte du fond de l'étang assoupi au creux du vallon
À la rencontre d'elle-même
Ainsi que la nuit de nos cœurs à la rencontre du Destin.