30. Nocturne de la pluie sans fin
L'Astragalizonte dorée en chlamyde de bronze
A la fois souriante et sérieuse et triste comme ma joie
Va disparaître sitôt que j'aurai cliqué la poire
De la veilleuse
Le joueur de flûte noir et l'ocarina chinois aussi
Je resterai dans le lit crispé obscur et froid comme une statue
Tombée de son socle expérimente une existence de gisant
Quelque chose d'analogue à une crampe qui saisit le corps entier
Et le rend aussi dur qu'une pierre inerte
De la nuit, j'en entends pleuvoir dans la nuit
Elle flagelle la pierre en faisant ce bruit d'impatience
Ou de cavalcade de doigts sur le bord de la table au moment
Où le prochain vers encor trouble tarde à s'élucider
J'imagine là-bas les gouttes qui s'écrasent sur la dalle où sont
Gravés les noms de mes parents avec la stèle aux fleurs de pavot
Quelques gouttes transparentes - les grains de blé dans la poussière
Du caveau gardé par le grand chien d'or au museau noir
Quelques gouttes transparentes – la nuit sans commencement
Ni fin dont le silence vibre jusqu'au fond de l'univers
Où rôdent les milliers d'années lumière dont ma vie n'aura été
Que l'équivalent de quelques photons
Et celle de l'humanité le flash d'un appareil photographique
Sur un globe de glaise aveugle et sourd.