Une parcelle immatérielle
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Cette insaisissable Beauté, Aïlenn, qui chavire
l’âme, je la retrouve sur le visage de ce bambin
croisé au supermarché ou de cette jeune femme
qui s’absorbe dans la consultation des étagères
pour n’oublier aucune des choses dont a besoin
son foyer, plus troublante encore sur le visage
de cette dame âgée dont les yeux bleu-lessive
reflètent sous les frisette blanches qui rebiquent
une insondable bonté. Chaque fois ces êtres-là
emportent avec eux une parcelle immatérielle
de moi. Chaque fois le féminin me dépossède,
comme le soleil en glissant outre la montagne
dépossède un moment l’univers de sa lumière
– jusqu’au jour prochain, au suivant, au suivant...
Cristal obscur
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Inconnu par la baie de la chambre
le babil de cet oiseau dans un bouleau
du jardin mais on ne voit
qu’une grosse tourterelle à contre-ciel
sur une ramille en train de se lisser
le duvet sous l’aile gauche
Cristal obscur ce babil d’un emplumé caché
Preuve qu’existent des langages
dont l’intense poésie dissimule
tout ensemble et le sens et le message !
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