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8 février 2020 6 08 /02 /février /2020 09:51

Par la fenêtre

.

Dehors se trouve un monde étrange

Des villages bas avec une rue centrale

et des croisées noires où de blancs rideaux

retombent sur des faces intriguées

Elle n’aiment pas qu’on voie leur curiosité

s’interroger sur le garçon en moto crépitante

qui tourne au coin de l’unique carrefour

ou le type trapu qui sort du bistrot en lissant

machinalement sa moustache le pouce

glissé sous la bretelle gauche d’une salopette

de jardinier Ailleurs il y a des villes pleines

de manifestants avec des pancartes vengeresses

Sur d’autres continents des milliers de bipèdes

se mutilent réciproquement par tous les moyens

Indifférents à ce que les mines dont ils ont

piégé les champs blessent des enfants innocents

Dans les belles villas des bords de mer des oisifs

regardent à la télévision des soaps dont les acteurs

font semblant de vivre des drames sentimentaux

avant de rentrer chez eux se cuire des spaghettis

aux œufs ou se faire livrer d’énormes hamburgers

En des régions énigmatiques à Grandes Murailles

on mange du chien découpé en cubes minuscules

avec des baguettes en bambou On soigne le mal

de tête avec du venin de mygale On se frotte

les tempes avec le baume du Tigre ou encore

on s’enfarine la face et les bras de cendres

Et tout cela n’est rien que miettes de ce qu’on

pratique d’ordinaire dans les diverses sociétés

qui composent l’Humanité - Alors oui Je peux

affirmer que dehors se trouve un monde étrange

 

 

 

 

.

Avec ou sans nous...

.

 

Des idoles noires aux masques cornus

grimacent au fond d’une ronflante ruche de ténèbres

J’y creuse un tunnel de songe et tout au bout

de ma pensée au loin j’entrevois une arche claire

.

Il y a face à la mer un immeuble de balcons et de vitres

Au quatrième étage qu’illumine le soleil sitôt quitté

le giron bleu des eaux jusqu’à l’horizon dépoli

des femmes aimées sont aux prises avec la vie

.

Demain les mouettes vont annoncer en criant

la lumière Des engins pétaraderont dans l’avenue

Des gens en tenue de jogging longeront la plage

en respirant l’air frais à l’odeur d’écume et de sel

.

Comme si la terre devait tourner éternellement

 

 

 

 

 

Conversion

.

Le feu des premiers rayons une nouvelle fois

blanchit entre les pins les façades des villas

Vois disait l’aède s’enfuir tes jours à la plume rapide

Chacun emportant comme graine d’or

loin au-delà du paysage un clin de la beauté

que quelque bonne fée t’avait confiée à ta naissance

.

Et chaque fois c’est une ride neuve à graver ton visage

mais un poème en moins à grever de sa noirceur d’encre

ton âme qui finira par n’être plus rien que lumière

 

.

 

 

 

 

Préfiguration

.

Or voici l'heure du chien noir

Museau pointu il s'avance debout

peint sur la paroi de la nuit

sa balance à la main

.

Terrifiés même les petits cauchemars se taisent

Ils frissonnent comme des grelots

puis vont se réfugier sous les souvenirs patinés

qui meublent ta mémoire

.

La Belle au loin mène une lutte héroïque

au chevet de toutes les douleurs

De l'autre côté du monde il fait jour

épidémies guerres incendies se propagent

.

Hécatombes d'animaux et d'humains

Que peut l'instinct d'aimer quand la folie

gagne tous les continents

et de ses mauvais spasmes contamine la Nature

 

.

 

 

 

Novembre sur la fin

.

Fiancées du soleil et du vent

Feuilles qui frémissez d'un désir

longtemps déçu d'envol

que ne satisferont que des heures

de sang et d'or

. Feuilles indéchiffrables

m'abandonnerez-vous avec détachement

à la nuit solitaire dont vous êtes nées

tandis que vous serez soulevées jusqu'aux

nuages et comme eux emportées

outre monts inconnus et vallées

dont les reflets seuls par les fleuves

glissant finiront mêlés à la turquoise mer

environnés d’une odeur d’encre et d’anis

.

Mon bonheur sera qu'un soir

oboles ambrées de mon automne

l'une ou l'autre d'entre vous

victime d'un enfant admiratif

se retrouve engeôlée dans les pages

grillagées de son cahier d'écolier

amande aurore oubliée par le temps

comme un pharaon au secret de son hypogée

 

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