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8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 16:49



Dictionnaires
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Explorer l'univers aura souvent été, pour ceux dont la jeunesse fut à peu près calme, l'exploration des dictionnaires. De forts volumes dont la clé alphabétique avait pour vertu de renvoyer de page en page et d'heure en heure, tandis que l'on débusquait au détour des colonnes et des illustrations tout un gibier de mots surprenants, émouvants, monstrueux, qu'un article – à la façon d'une recette culinaire – pouvait rendre délectables...
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Les capturer grâce à la grille d'un carnet, les accumuler en des listes jamais achevées, quelle richesse, et quel motif d'orgueil secret que d'en connaître le troupeau individu par individu, comme les bergers Peuhls qui n'ont pas besoin de savoir compter pour connaître qu'il leur manque une bête ! Certes, l'on a l'intution que "le mot n'est pas la chose, la carte n'est pas le territoire", cependant quel bonheur sans égal, de régner sur d'infinies combinaison de lettres !
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C'est le temps où chaque configuration orthographique acquiert une physionomie, où le mot devient troublant sitôt qu'un élément habituel - fût-ce la corne d'un accent, la façade d'un H qui semble inutile autant que ses deux tours à la nef de Notre-Dame, - lui manque.
S'ensuit que désormais, sans eux, nulle réalité n'existe plus qu'évanescente. Qu'à jamais, dans la parole, la voix maternelle de la langue résonne comme l'unique gage de toute authenticité.




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Rentrée
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Septembre est un maigre sujet
Pour écrire un poème.
La rentrée a l'air d'un carême
Qu'on aurait prolongé !
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Adieu la plage au bleu décor
Frangé d'ondes menues
Où bronzaient mille beautés nues
Parmi les sables d'or !


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Coïncidence
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Tel qui se hasarde à suivre une piste vague
à travers les sables et pierrailles du désert
à la recherche d'une flaque où miroite le ciel,
(et peut-être les palmes d'une oasis y projettent
des fraîcheurs d'ombres longues et suspendent
aux fastes ventés des crépuscules d'énormes
essaims de fruits ambrés à goût de miel...)
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Tel s'aventure, inaugurant la page empoussiérée
d'infini neigeux, en quelque errance qui se lit
aux traces rythmées dont son avance est suivie...
Une étoile qui se cache dans le jour éblouissant
le guide à son insu avec selon la Muse, la boussole
auxiliaire d'un coeur simple où la nuit se déploient
les océans, îles, côtes, phares, portulans du rêve :
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Il ne reste plus qu'à faire coïncider la musique
des vagues de silice dont chantonne sous les astres
la poudre cristalline, avec celle des dunes d'eau
mouvantes dont l'écume vient conter ses complaintes
salées jusqu'aux confins des perspectives littorales,
et lorsqu'on y parvient, ma foi, le poème est joué !
(Mais ce dernier ajustement est le plus difficile !)






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Autobannissement
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Montagnes que la brume efface et que leur réplique
effrite en pétales de clartés sur l'eau courante,
dans le ciel sillonné des queues d'or touffu laissées
par les avions qui se sont croisés au soleil couchant,
que j'envie votre stable gloire et votre sérénité !
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D'être si peu, nous autres sans altitude, mourons
tous les jours. Chaque ombre nous connaît par notre
petit nom, nous interpelle en nous tirant par la manche
en promettant monts et merveilles, mirages et miracles.
Ne manque au ciel qu'un marteau – la faucille est là !
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Un promeneur, jambes lasses, malgré l'air affraîchi,
s'est assis sur une borne où tiédit un reste de soleil
enfoui dans la pierre. Le regard sollicité par le village
de Châteauneuf éclairé sur son éperon coiffé de pins.
Qui ce soir aurait envie de revivre chez les humains ?




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Sur la pente...
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Se laisser emporter par un enfançon qui n'a pas deux ans
à revivre une jeunesse que l'on n'avait jamais pu observer
de l'extérieur jusqu'au jour où, vieillard, il se trouve qu'on a le temps
par chance de faire autre chose que seulement batailler pour notre survie,
telle est la merveille que – petit lutin en pantalon bleu, cheveux frisés de fils d'or -
m'offrent les moments passés avec Ezra : quatorze mois d'une intense personnalité !
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Un peu pour moi comme la floraison époustouflante
d'un dernier printemps, avant que le vieux pommier
du verger ne neige ses blancheurs dernières - et qu'il ne sèche...


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Jeu constructeur
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Jaloux je suis de ton regard lorsqu'il se pose
- bambin de mon coeur - sur une fleur !
Ce que tu vois est si neuf qu'il te faut froncer
les sourcils et faire un intense effort intellectuel
pour identifier à quel mot correpond cette chose
colorée, au bout de la tige que l'on te tend...
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Ton index mince écarte les pétales doucement
pour examiner le coeur qui laisse sur ton ongle
un rien de poudroiement doré – surprise qui mérite
un long moment de contemplation
au cours de laquelle on sent que dans ta tête
à la vitesse de l'éclair se succèdent les hypothèses.
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Ah, comme j'aimerais avoir vue plongeante
sur ce qui se passe dans ton jeune cerveau,
ainsi que dans la cour d'un immeuble depuis le toit
l'on découvre les allées et venues des gens,
ou leurs agissements par les baies vitrées !
Quelle fascination, - te voir bâtir ton univers !


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Points chauds
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Le poèmes est comparable à l'un de ces "points chauds" du globe terrestre qui fait surgit une île incandescente à travers l'infini nappé de cristal turquoise.
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Inhospitalier, l'endroit se peuple de songes ailés qui sèment mille grains venues d'ailleurs, oiseaux de lumière ou chauves-souris de nuit, faces de singe croqueuses de fruits.
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Qu'on ne compte pas les crépuscules irisés au velouté de pêche, bientôt surgiront de vrais rêves, enracinés dans l'obscur et ramifiant leur printemps jusqu'au ciel pour en saisir les nuages.
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Les aurores y feront lever de purs frissons d'air qui froisseront de leurs embruns les frondaisons vierges, fraîcheur promise sur les langues de chlorophylle à se condenser en rosée dont
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les perles précieuses rouleront jusqu'au sol... Toutes sortes de pensées minérales en seront irriguées : le pouls des sources rythmera les reflets d'oasis paradisiaques, ces mêmes
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édens que recèle notre for intérieur, avec ses solitudes scandées de palmes et de douleurs, de joies, de craintes, de sourires prêts à l'accueil des enfants imprévisibles de l'Amour !






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Endroit perdu
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Ce coin de colline désormais en friche avec
les restes d’un enclos en bois et les bras levés
vers le ciel d’une vieille carriole argentée
par le soleil – roues à rayons de bois tourné
cerclées de fer et tablier en planches crevassées
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Ce vrac de rondins au pied de l’unique sapin
encore à veiller sur les prés déserts, les ombelles
ici ou là rivalisant avec les tiges de gentianes
jaunes, au revers de crêtes les ronciers de mûres
– pourquoi tout ce décor riche d’abandon, telle
une salle de château dont d’immenses toiles
d’araignées pendent des poutres sous les toits
crevés, pourquoi ce décor navrant m’émeut-t-il ?
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Peut-être les mains du charron que j’imagine
versant un seau d’eau glacée sur le métal chaud
dont il vient de cercler une roue aux barreaux
de chêne neufs Peut-être les broutées spectrales
de vaches ou de chèvres que la clôture en partie
effondrée n’a plus retenues depuis longtemps
Peut-être en salopettes désuètes les scieurs
de jadis que je vois le front luisant de sueur
tirer-pousser face à face Peut-être ces images
sont-elles pour moi seul sources de nostalgie ?
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Lassitude désenchantée
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Quelle forme d’absurde héroïsme il faut
pour continuer à écrire des poèmes et verser
aux pieds des roses la limpidité des mots
quand tant d’affreuses choses se passent
sur la planète et que notre impuissance
sur les peuples manipulés pèse d’un poids
insupportable…
. Issues d’horizon lointains,
les vagues de l’océan qui viennent sur la grève
mourir évoquent aussitôt de déchirantes images
Les linges de l’écume s’agitent drapeaux blancs
qui réclament l’impossible trêve à présent que les
démons terribles de l’humanité ont à nouveau
été libérés…
. Poète ridicule tu voulais faire voir
aux distraits, aux aveugles, les beautés terrestres
Tu voulais restaurer en eux la gloire oubliée
des dieux Ranimer pour chacun l’âme des pierres
le silence d’or ligneux qui circule à l’intérieur
des arbres Réveiller l’écho dans notre sensibilité
de la voix cristalline des sources et nous réinitier
à leur façon d’accomoder verdeurs reflets nuages
en les échangeant constamment avec la lumière
bleue ou rouge qui tombe en bruine merveilleuse
et tendre du soleil jetant son énergie extravagante
par les fenêtre ainsi qu’un flambeur de casino !
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Mais voilà : tu ne réveilles rien du tout Les éveillés
demeurent éveillés et les endormis – endormis
sans que rien ne puisse être changé au désordre
horrible des humains incapables de maîtriser leur
folie face au chaos inextricable de leur monde.
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3 Septembre 2015 – 16 H 23.
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Fini déjà l'été avec ses plages, ses songe, ses langueurs
les pieds en éventail sur le sable imprégné de soleil,
ses baumes odorants et ses esquimaux vert-pistache !
L'été des corps livrés aux risques nus de la lumière
et singeant sans pudeur les bronzes lascifs des musées...
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J'y ai traîné en trimballant l'Éden bleu de mes rêves
comme le bigorneau sa coquille sous la mer,
harassé parfois du poids éblouissant de l'Infini
à travers lequel ondoyaient loin au-dessus de moi,
mille feux déformants tous issus de la même source...
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J'ai dit adieu aux vignes Aux chênes où les nuages
font leurs nids Au petit olivier que j'ai vu déployer
depuis le premier jour sa prescience argentée
Au clan des sveltes pins à la couronne oblique
asiles favoris des colombes roses et des écureuils
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J'ai plié les boxers hawaïens, les chemises à fleurs
et autres vêtements d'une seule saison, refermé
la valise avec un soupir puis sur la route de l'hiver
dont la prémonition déjà cuivre certains feuillages
d'un silence de mort, - suis parti sans me retourner.
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Relativité
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Un hémisphère obscur et l'autre ébloui de lumière !
L'un qui voit s'achever l'été, pour l'autre c'est l'hiver !
À brûle-pourpoint comme toujours t'interroge l'océan
incommensurable des étoiles où surnage une bouée
que sa face éclairée d'un orient de perle bleue atteste
être la Terre – souriant refuge à l'ingratitude du vivant...
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Anxieusement, passé le seuil, te voici scrutant l'azur
marbré de nuages avec l'état d'esprit de la voyante qui
consulte les reflets changeants de son globe en cristal !
Quoique tu sois sceptique, à la façon des vieux romains
tu attends qu'un vol d'oiseaux dextre ou sinistre annonce
la future teneur de ta journée en joie, peine ou mélancolie.
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Déjà septembre et les enfants cartable en bandoulière
grimpent dans l'auto du parent qui va les déposer devant
l'école – Pas trop près, de quoi j'aurais l'air si les copains
savaient que ma mère à mon âge m'accompagne encore ! -
Rassemblés dans la cour, ils ont l'aléatoire mouvement
des feuilles chues, qu'un caprice du vent soulève ici ou là
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pour les relâcher à deux pas. Cheveux roux blonds ou bruns,
visages inachevés que n'ont pas griffés de doutes sur la vie,
sourires esquissant d'hésitantes amitiés nouvelles, bruyantes
retrouvailles, complicité que l'on renoue à coups de tope-là.
Autant d'instants cruciaux, d'ignorantes amours ébauchées,
de destins minuscules, insignifiants à l'échelles des astres !



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Pâtisseries lunatiques
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Habillé de losanges multicolores, il se complaisait à ne façonner pour personne, si ce n'est pour lui-même en cas de réussite, de petits croissants purs à l'odeur d'amande, aux reflets argentés, pâtisseries versifiées rappelant les cornes de gazelle orientales.
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C'étaient de fugaces fragments de lune à consommer de suite : ils ne supportaient pas d'être rancis par le temps et s'ils avaient les reflets nacrés du marbre, en aucun cas ils n'étaient de la substance qui donne aux acropoles d'affronter les millénaires...
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Sur les rayonnages d'une profonde et noire armoire analogue à ces miroirs en lesquels s'enfoncent les objets comme en la nuit de la mémoire, il disposait ses clins de lune : libre au passant de hasard, par caprice audace ou curiosité, d'y goûter !
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Peu cependant s'y risquaient, leur parfum d'amande amère évoquait trop l'acide prussique du réel, ce poison secret de la vérité que chacun doit à sa façon porter, lequel encore imbu de la Nature n'a pas d'antidote – en dépit de la panacée dite "modernité".











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Ce soir ou l'éternité
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Ce soir j'ai vu sur la nappe de l'eau brillante où s'attardait le crépuscule
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flotter comme bouchons géants de gros rochers unis chacun à son reflet
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Au loin cinglait vers le large un îlot suspendu sur la brume tel un zeppelin
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Plus haut dans le ciel la pleine lune stationnait rose et lente mongolfière
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emportant un plumet de nuage vert dans une nacelle qu'on ne pouvait voir
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La grève était tranquille - et calme le petit port aux bateaux bord à bord alignés
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Les immeubles du front de mer - leurs fenêtres rouges ciselaient des ombres attablées
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Tout se présentait selon l'image de mon souvenir y compris la femme en robe claire
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et cheveux blonds qui venait à ma rencontre et que j'ai de loin reconnue
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alors qu'elle approchait - souriante reine de la nuit dans l'éclat successif des réverbères
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et qu'à l'horizon en train de s'éteindre cinglait vers le large un îlot qu'on voyait
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tel un bonbon acidulé fondre dans l'onde obscure aux mille langues d'argent pur.




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Archaïque modernité
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Parfois j'écoute les chanteurs de rap qui font fureur
dans certaines catégories du public – plutôt jeune
Ils expriment leurs dures réalités en un langage
fait de clichés rimés qui ne parle que de révolte de drames
de drogues de rivalités pour des meufs et d'assassinats
pour un "regard en croix" ou de vagues motifs "d'honneur"
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Voilà donc tout ce qu'ont à dire hélas les bardes de banlieue
Chanter en mélopées logorrhéiques une existence indigente
qui la nuit se délecte de violence dans l'ombre des porches
les rues mal éclairées renfoncements à détritus ou terrains
vagues qui sont les champs-clos de rixes d'un autre âge
avec des motos pour montures casques noirs bottes combis
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de cuir en guise de cottes de mailles – défiant la mort pour
la motte d'une caille au regard vache et cheveux en pétard !
Leurs cadets confondent la rentrée des classes et la râclée
des transes Tout savoir étant considéré comme superflu !
Insolite cet univers "moderne" qui chaque jour régresse vers
une insensée barbarie qu'on croyait de l'histoire ancienne !

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L'Insensible se dérobe
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Sous l'ombre des grands pins d'Alep
le soleil de cinq heures illumine les tuiles
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J'imagine mon neveu près du lac de montagne
dont l'oeil bleu cilié de sapins est grand ouvert
plein d'un ciel pur et froid qui double les sommets...
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Il randonne gaiement - nous reviendra le rose
aux joues "comme au temps qu'il était mouflet !"
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Le chien noir à gueule d'Anubis avec conviction
aboiera sitôt qu'il aura franchi le portail
tandis que sonneront au loin les cloches du dimanche
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Combien ces petits fait naturels quotidiens familiers
à les scruter de près parfois semblent étranges
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Avec le temps on voit grandir arbre ou neveu
si vitement ! - et pourtant ils étaient avant-hier
hauts comme trois pommes C'est banalité
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de constater qu'autour de nous à notre insu tout change :
alors pourquoi ce sentiment d'être toujours floués ?








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Longue attente
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Les lauriers les oliviers les pins les chênes-liège
le moindre brin d'herbe à peine sorti de graine
les marcassins les faons les canetons les oisillons
de toutes plumes – savent comment gérer leur vie
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Or pour ma part – soixante-dix ans passés ! - je ne suis
pas certain d'en avoir vraiment compris le mode
d'emploi. Constamment je bifurque, je perds le sentier
pour me retrouver sans l'avoir voulu dans quelque
clairière où les erreurs poussent comme des champignons
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Qui me fera savoir si celle-ci (qui a la bague au pied
et le chapeau d'un vermillon luisant et séduisant) devrait
ou non être cueillie - Oronge ou bolet ? Faut-il attendre ?
Car j'ai souvent ouï-dire qu'un bolet s'attend... Mais
à quoi ? À ce que l'une d'entre nos erreurs soit la dernière ?
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À ce que manque la page avec la liste des fruits défendus ?
À ce que le trajet de grande randonnée s'achève plus tôt
que prévu ? Ainsi donc, poète timoré, dans la clairière
aux erreurs j'attends – j'attends ! - tout en observant les nuages.




















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Ostracisme
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Que les jours ont l'aile rapide alors que l'âme est lente !
Ils nous quittent pour l'horizon, escortés des mouettes
de la lumière, tirant derrière eux une bâche d'ombre froide
qui couvre l'espace comme celle des terrains de tennis
lorsque les joueurs vainqueurs ou vaincus ont vidé les lieux
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Quand aux étoiles, elles ne diffusent que feux sans chaleur
Tu les sens glacées dans ta pensée ainsi que la poignée
d'oboles au fond de ta poche, contre ta cuisse gauche...
Le passeur voudra-t-il d'une aussi menue monnaie
ou seras-tu condamné pour un siècle ou davantage à hanter
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la rive du Styx en compagnie d'autres spectres insolvable ?
Qu'importe au fond - tant que tu respectes ton serment
et n'as pas a boire son eau frémissante à la coupe d'Iris...
Et que pourrais-tu regretter puisque, déjà de fort longtemps
banni, ton souffle ni ta voix n'émeuvent le silence ?




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Rencontre au clair de lune
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Par les ondes éthériques, je suis branché sur les songes de la pleine lune, ce qui provoque l'animosité, aux oreilles dressées, d'un chat-huant ventru, son loup plaqué sur la face.
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Sa silhouette a choisi précisément la branche haute grâce à laquelle il pourra m'empêcher de voir en entier la reine des nuits, qu'il considère comme son camembert personnel !
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Et le voici huant et huant, et contrefaisant les miaulements des chats, afin que je renonce à communiquer avec le satellite argenté qu'il me cache et d'où me vient l'inspiration.
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Histoire de le prévenir que je ne me laisserai pas faire, je m'avance jusqu'au pied du chêne sur lequel il perche, et lui récite la fable du corbeau et du renard. Peine perdue...
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Alors je claque dans mes mains, je lui débite des sornettes sur un ton colé
reux, au risque de réveiller la maisonnée endormie depuis longtemps, je feins de grimper au tronc.
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En vérité rien n'y fait. Il me nargue un long moment, dardant vers moi de grands yeux vaguement étonnés, sa tête fait un tour complet sur elle-même puis il déploie soudain ses ailes :
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son vol d'un silence velouté l'emporte comme un fantôme clair dans l'ombre du bois, en laquelle il s'évanouit mollement, si bien qu'enfin j'ai la lune toute à moi pour renouer notre dialogue.







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Ourouboros imaginaire


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Le soleil n'est pas un oiseau, je le sais bien, pourtant il a laissé des plumes dorées dans les arbres, pour la plus frissonnante volupté de leurs feuillages transis d'aise.
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On pourrait penser qu'il veut donner au jour finissant la même splendeur qu'au jour qui commence, pour enseigner que ce sont deux faces d'une seule et même médaille.
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Ainsi la fin des choses s'achève en retrouvant l'éclat de ce qui fut la première heure, avant que le fauve ne rentre sous terre élucider les labyrinthes du sommeil.
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Demain, avec ou sans nous éclatera la même ondoyante, circulaire, lustrale vérité dont tout-un-chacun est le centre en l'habitant, dans le meilleur des cas, poétiquement.
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